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Anglais et Irlandais, en ont-ils quelque chose à faire du rugby français ? - LOIN DES BLEUS, PRÈS DU CŒUR #4

La France a-t-elle tout de même un peu de poids de l'autre côté de la Manche ? Une réponse à retrouver dans la série de l'été “Loin des Bleus, près du cœur”.

Erwan Harzic 21/07/2024 à 19h00
Durant l'été, le Rugbynistère vous propose une série d’articles mettant en avant l’influence sportive du rugby français à l’étranger.
Durant l'été, le Rugbynistère vous propose une série d’articles mettant en avant l’influence sportive du rugby français à l’étranger.

De l’autre côté de la Manche, le rugby français n’est pas toujours traité avec une grande considération par le voisin britannique. « En Angleterre, ils voient le XV de France comme une équipe de seconde zone, capable de quelques exploits, mais ils ne nous considèrent pas vraiment comme leurs principaux rivaux », pose Brendan Le Galludec, l’un des rares joueurs français encore en activité à avoir fait la majorité de sa carrière à l’étranger, dont une partie en Angleterre.

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Pourtant, il y a une quinzaine d’années, nombreux étaient les joueurs à tenter le pari britannique ou irlandais (43 durant la décennie 2000). Avec l’instauration des quotas de Joueurs issus des filières de formations (JIFF) en 2010, les clubs de l’élite hexagonale ont commencé à s’arracher les services des meilleurs joueurs français.

Ainsi, ces derniers n’avaient plus besoin d’aller voir si l’herbe était plus verte ailleurs. En effet, certains contrats de JIFF se négocient à des sommes importantes, chaque club devant avoir un contingent significatif de joueurs formés en France et du meilleur niveau possible. Une condition sine qua non pour rester compétitif tout en évitant des sanctions en cas de non-respect du quota.

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La Grande-Bretagne, terre-mère du rugby

Aujourd’hui, la plupart des aventures de professionnels français loin du territoire se font surtout par volonté d’exotisme ou pour relancer, voire entamer, sa carrière. Actuellement, le centre Antoine Frisch est le seul Français a évolué au niveau professionnel de l’autre côté de la Manche. Son exode est toutefois sur le point de se terminer. En effet, celui qui évolue dans la province irlandaise du Munster rejoindra les rangs du RC Toulon dès la saison prochaine.

À l’inverse, quelques joueurs britanniques ont posé bagages en France ces dernières années. Depuis la pandémie de COVID-19, certains grands noms sont venus en Top 14 après la disparition de leurs clubs pour des raisons financières, à l’image des frères Willis (des Wasps à l’Union Bordeaux-Bègles pour Tom et le Stade Toulousain pour Jack) ou d’Henry Arundell (des London Irish au Racing 92).

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En temps normal, les Britanniques venant jouer en France sont le plus souvent des stars en fin de carrière (Alun Wyn Jones, Dan Biggar ou Courtney Lawes). Cependant, on observe aussi quelques profils qui cherchent à se relancer, comme Zach Mercer, Toby Flood ou Carl Fearns. D’autres tentent l’expérience en combinant les deux raisons, à l’image de l’épopée toulonnaise de Jonny Wilkinson entre 2009 et 2014. Cette mixité sporadique entre le rugby d’outre-Manche et l’ovalie française ne participe pas à développer une réelle influence française en Grande-Bretagne et en Irlande.

De plus, les pays d’outre-Manche étaient souvent moins enclins à participer aux compétitions continentales. « La France est restée proche de Rugby Europe et des autres sélections du continent de manière générale, comparé aux pays britanniques. La France a continué de participer aux compétitions de jeunes plus longtemps qu'eux, par exemple », argue le vice-président de Rugby Europe, Christian Dullin. En effet, l’Angleterre, l’Écosse, le pays de Galles et l’Irlande ont quitté le Rugby Europe U18 Championship après 2015. La France, elle, y restera jusqu’en 2018 avant de se focaliser sur le Festival des 6 Nations pour son équipe U18.

D'une certaine manière, l'histoire et l'attitude des voisins irlandais et britanniques envers le rugby européen du continent a généralement démontré une certaine distance. De là à dire qu'il y a un mépris du rugby venu d'outre-Manche envers celui de la terre ferme ? Personne ne sait. En même temps, il est toujours compliqué d'essayer de comprendre les Anglais (surtout quand on est Français).

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Alors que le rugby français prend quelques vacances bien méritées, le Rugbynistère vous propose de faire un tour du monde. Au travers d’une série d’articles, baptisés “Loin des Bleus, près du cœur”, il est l’occasion de voir les relations et de constater l’influence sportive que peut avoir le rugby français à l’étranger. Durant l’été, découvrez un croquis de cette empreinte rugbystique qui s’étend du Japon au Brésil, en passant par bien d’autres pays.
LAmiDeTous
LAmiDeTous
Le sujet est salutaire. Il manque cependant l'angle top 14, prod2 qui n'intéressent pas non plus les Anglo Saxons. Il n'y a pas de suivi non plus. Les vidéastes ne font pas vivre ce championnat et préfèrent analyser d'autres rencontres des championnats anglo saxons. Le top 14 n'étant pas si nul que ça, ça fait apparaitre autre chose. C'est une stratégie de commerce, on ferme son marché. Rien à voir avec une quelconque qualité du produit. Ca fait plus de 280 ans que ça dure puisqu'à l'époque en 1770, la partie libérale de la France qu'une fois séparée de l'Angleterre, le commerce français allait récupérer le marché des colonies étatsuniennes, une illusion qui eut de graves conséquences. Toujours la même envie, faire parti du club alors que le club est fermé par stratégie. Ca n'arrivera pas. Toujours ce même aveuglement.L'envie de reconnaissance qui est un levier énorme pour se faire manipuler. Le rugby français est le lion amoureux.
Revahn
Revahn
C'est tout un feuilleton la géopolitique du rugby, une histoire dans l'Histoire de ce sport! Dommage quand même, nous avions les cartes en main dans les années 2000-début 2010. Pour s'émanciper des anglo-saxons, la FFR aurait pu influencer les autres pays européens : dans 10 ans, l'Espagne ou le Portugal seront peut-être au même niveau que l'Argentine des années 2000. Se faire une place est maintenant beaucoup plus dur avec le très haut niveau atteint aujourd'hui... Un front "latin" aurait pourtant été un excellent contrepoids à une balance qui se résume un peu trop à "nord et sud"! Mais bref, j'adore les jeux de stratégie et je trouve qu'on a pas bien joué. Mais la partie continue...
resp
resp
La rencontre des frères Vunipola en Top14 risque d'être mouvementée. C'est par des plaquages et des déblayages qu'ils vont apprendre le jeu à la française !
duodumat
duodumat
Décidément cette série me plaît beaucoup surtout quand elle traite d'un sujet tellement épidermique et passionnel. Bravo !
Aristaxe
Aristaxe
Merci pour cet article qui rappelle bien le fossé entre la France et les Britanniques (et je vais inclure les Irlandais dedans) rugbystiquement parlant. Ils nous ont accueillis et ont bien voulus être nos partenaires de jeu, mais toujours avec une certaine distance. On a toujours été les empêcheurs de tourner en rond, le grain de sable dans le rugby mondial. On a été précurseurs dans pleins de domaines, notamment avec la création de la FIRA en 1931, fédération mondiale basée sur la FIFA pour le football, avec la volonté de mondialiser le rugby, et de le dépoussiérer un peu vis-à-vis du conservatisme britannique. Bien évidemment ces derniers n'ont pas suivis, ni les grandes nations du sud. En 1995 il y a soixante nations affiliées, alors que l'IRFB (que nous n'avons pu rejoindre qu'en 1978 !) n'est l'affaire que de 7 ou 8 nations. On a été les premiers à proposer l'idée d'une coupe du monde, d'abord dans les années 40 en sortant de la guerre, puis encore dans les années 70. Personne n'a suivit. Aujourd'hui on a les Australiens et les Néo-Zélandais qui se targuent d'avoir impulsé la création d'un tournoi mondial dans les années 80, et les Sud Af d'avoir apporté le vote décisif, mais en fait nous en France ça faisait 40 ans qu'on vous attendez. L'article mentionne le championnat des U18, mais il y a un véritable cimetière de compétitions qui ne demandait qu'à devenir pérenne si nos amis outre manche avait joué le jeu. Béziers premier club champion d'Europe en 1962 face à un club de Bucarest. Tout le monde avait joué le jeu (Allemands, Belges, Néerlandais, Roumains, Tchécoslovaques, Italiens, Espagnols, Portugais et même Marocains !) sauf les Britanniques qu'un tel tournoi n'intéressait pas. Le championnat d'Europe des Nations qu'on appelle aujourd'hui "Six Nations B" et que la Géorgie remporte maintenant chaque année (avec douze titres au total) crée encore une fois sous l'impulsion de la France (avec 26 titres au total même sans y participer depuis 30 ans). Les championnats du monde U20 que la France a remporté 19 fois entre 1969 et 2001, d'abord régulièrement puisqu'en face c'était la Roumanie, l'Italie ou l'Espagne, puis plus difficilement quand dans les années 80 les Argentins sont venus se joindre à la fête, avant qu'enfin ne se réveille les autres grandes nations, se disant que finalement c'était pas mal cette idée de tournoi pour les jeunes. Combien de nations laissées sur le bas-côté à cause de l'entre-soi Britannique ? Comment expliquer les 50 rencontres entre Français et Roumains alors que les Anglais ne les ont joués que cinq fois ? La Roumanie pourrait aujourd'hui être une très grande terre de rugby si d'autres pays que la France avait fait un effort. Dans le rugby féminin c'est pareil, la même histoire. La France pionnière, avec le premier match international en 1982 face aux Pays-Bas. Le premier tournoi international de rugby féminin a eu lieu en France, à Bourg-en-Bresse en 1988 avec la Grande Bretagne, la France, l'Italie et les Pays-Bas. Tournoi aujourd'hui oublié et jamais cité, on ne parle plus que de la première coupe du monde en 1991 au Pays de Galles. La liste est longue. La France a toujours innové, avec la volonté de partager le rugby et de le développer partout, mais s'est toujours heurté aux refus des Britanniques qui ont préférés rester "en bonne compagnie". On a toujours dû se plier à leurs exigences et faire profil bas. Exclu du tournoi des Six Nations on se plie aux exigences d'outre-manche pour y revenir. Première tournée en Afrique du Sud en 1958 ? On accepte un programme de 10 matchs en 2 mois, que selon les organisateurs Sud Africains personne au monde n'aurait accepté. On l'a fait pour montrer patte blanche, se faire bien voir. C'est pour ça qu'aujourd'hui on a autant de complexes vis-à-vis de l'arbitrage, autant de méfiance vis-à-vis des instances dirigeantes internationales. Parce qu'on a toujours été traîné vers le bas par les autres. On a pas le palmarès qu'on mérite puisque la bonne moitié des titres remportés par la France sont dans des compétitions aujourd'hui défuntes et oubliées. On a pas la reconnaissance des autres nations. C'est peut-être ça qui explique la bonne santé de notre championnat de France. Il n'y a que là qu'on s'y sent bien. Il n'y a que dans le championnat de France que le rugby français a pu pleinement s'exprimer.
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