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Édito. Verrouillé à 70%, le Top 14 est-il devenu trop petit (et élitiste) ?

Depuis plusieurs années, monter et s’imposer en Top 14 est devenu une tâche difficile, qui peut traduire une dynamique élitiste du rugby français.

Erwan Harzic 15/06/2025 à 11h25
Depuis plusieurs années, monter et s’imposer en Top 14 est devenu une tâche difficile, qui peut traduire une dynamique élitiste du rugby français.
Depuis plusieurs années, monter et s’imposer en Top 14 est devenu une tâche difficile, qui peut traduire une dynamique élitiste du rugby français.

Pour la quatrième année consécutive, l’équipe qui remporte le barrage d’accession est la pénultième formation de Top 14. Si cette situation ressemble à un cauchemar pour le FC Grenoble, perdant malheureux face à l’USA Perpignan (11-13), elle n’est peut-être pas le seul fait de la malchance des Isérois. Vaincus sur trois années consécutives, elle peut aussi être l’occasion de nous questionner sur la nature du format des divisions professionnelles hexagonales.

À une heure où des nouveaux territoires émergent dans l’élite et élargissent la carte de l’ovalie, les moyens de se développer restent limités. En effet, tout le monde le sait, mais cela va mieux en le disant : le rugby est un sport physique qui nécessite une condition et une préparation particulière. C’est, en partie, pour cette raison que le passage de l’amateurisme au professionnalisme est complexe et que la Nationale a été créée, en plus des raisons de santé financière et d’équité sportive. Ce fossé physique s’observe aussi, à moindre mesure, entre le Top 14 et la Pro D2.

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Top 14, l'élite ovale

Cependant, depuis l’instauration du barrage en 2018, les promus en Top 14 ont désormais moins de trois mois pour se construire un effectif de première division, le préparer efficacement et le lancer dans l’arène. Une durée particulièrement courte et unanimement décriée, mais aussi relativement punitive lorsqu’elle s’inscrit dans le cas d’une montée inattendue. À titre d’exemple, les promotions du Biarritz Olympique et du RC Vannes ressemblent plus à une épreuve insurmontable qu’à des défis sportifs raisonnables.

Depuis que le barrage a été mis en place, 70 % des équipes qui ont été reléguées en deuxième division étaient le ou l’un des derniers promus. Un chiffre qui a explosé depuis sept ans et qui est loin des 43 % de chances de relégations connues par les promus entre 2011 et 2017, où deux équipes descendaient à l’échelon inférieur. Cependant, le problème reste que plus le temps passe, moins les choses devraient avoir l’occasion d’être bouleversées.

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En effet, les pensionnaires habitués du Top 14 augmentent ou affirment leurs budgets (et leur effectif, par conséquent) à chaque nouvelle échéance passée dans l’élite. Une dynamique qui creuse à chaque fois un peu plus l’écart avec celles de Pro D2. Par ailleurs, les meilleures formations de cette dernière présentent des dettes délirantes, avec des pertes de plusieurs millions chaque année pour espérer s'installer dans l'élite, en vain. Difficile de monter ? Quasiment impossible de se maintenir quand on est promu ? Certains diront : “C’est le jeu, ma pauvre Lucette…

Mais se montrer résigné n’est-il pas un mal pour le rugby hexagonal ? Pour cause, de nombreuses écuries représentant des territoires isolés de l’ovalie ont pour projet de diversifier la carte du rugby français. Cependant, si leurs efforts restent vains, pas sûr que les généreux mécènes poursuivent l’aventure, si le Top 14 se conforte dans cette dynamique élitiste, établit sans volonté réelle. Le train du développement du rugby en Bretagne, dans le Sud-Est, en Normandie et en Bourgogne-Franche-Comté est en train de passer. Faut-il le laisser filer ? Pour permettre à ces nouvelles écuries de connaître les joies de l’élite, ne vaudrait-il pas mieux revenir à un système de relégation à deux équipes.

S’il y a besoin de relancer l’entrain, sans couper l’herbe sous le pied des actuels locataires du Top 14, des solutions existent. Peut-être faudrait-il envisager de repenser à un possible retour du format à poules, pour revenir à seize équipes, diminuer le nombre de matchs, relégué plusieurs formations et apporter un peu de fraîcheur au meilleur championnat du monde. Ou bien, il pourrait être possible de laisser les promus procéder à des recrutements durant la saison, pour se calibrer. En tout cas, si rien ne change, le haut-niveau du rugby français pourrait continuer à s’isoler, loin des valeurs de clochers qui l’ont vu naître.

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stef7
stef7
La LNR veut un tel système en dépit d'une logique sportive, un club comme l'USAP descendant en prod2 ne serait absolument pas sur de remonter l'année suivante. Le top 14 est une ligue quasi fermée et cela ne risque pas de changer demain... Accueillir Vannes puis Montauban est un bonheur pour les présidents de top 14 car cela désigne quasi directement le candidat à la descente automatique...
Papatch
Papatch
Le système actuel d'accession au Top 14 pose question et beaucoup le soulignent dans les posts précédents. Oui, que le premier au classement ne monte pas directement remet en cause l'utilité d’être premier de la saison régulière ( Cf Grenoble ou en Nationale Chambéry). Dans le cas ou une des équipes arrive en Top 14, elle part avec un handicap parce qu'elle doit se renforcer alors que les autre équipes leur recrutement est quasiment bouclé. Montauban va l'expérimenter. Également le choix des terrains des phases finales sont aussi un handicap supplémentaires et on pourrait désigner des stades en fonction des finalistes où le déplacement serait plus équitables. Je ne parle pas ici du choix des arbitres volontairement pour éviter la polémique. J'aimerai aussi faire remarquer que Grenoble a des difficultés pour finir ses matchs depuis quelques années mais les joueurs finisseurs formés à Grenoble font les beaux jours de l'UBB et Toulouse. Et on les retrouve en équipe nationale. Je ne voudrai pas que le Top 14 soit une ligue fermée mais çà y ressemble même si on ne veut pas le dire. Je suis un peu désabusé mais j'aime le rugby pour le jeu pas pour ses "pseudos combines". Enfin j'aime les avis que je lis sur ce site, il font progresser ma réflexion. Merci à tous
Jibic'h
Jibic'h
Le 1er de la phase régulière qui monte directement serait injuste pour la ProD2 parce qu'il n'aurait pas le bouclier. Il n'y a rien d'injuste pour Grenoble, parce que s'ils loupent 2 matches couperets à la suite (finale et barrage) alors ils n'auraient sans doute pas tenus la pression du Top 14. L'Histoire ne peut pas suivre 2 cours différents mais je suis persuadé que Montauban fera mieux en Top14 que Grenoble ne l'aurait fait parce qu'ils ont ce petit truc en plus qui les aide dans les matches couperets que Grenoble n'a pas pu trouver. Alors certes, il y a quand même de grandes chances que Montauban redescende, mais cette expérience aura été plus que bénéfique pour eux. Et il ne faut pas oublier Vannes qui année après année se structure pour viser un peu plus haut. Ils redescendent cette année, mais pour moi ils sont très clairement ultra favoris pour une remontée directe. D'autres clubs (La Rochelle, Lyon) ont fait l'ascenseur avant de se stabiliser en Top 14, et pour moi c'est l'avenir de Vannes. Quant à l'argument comme quoi le vainqueur de la finale de ProD2 (et du barrage si c'est le club de ProD2) n'a pas assez de temps pour préparer sa montée, il y a pour cela une solution relativement simple: resserrer le calendrieri de ProD2 pour que la saison se termine plus tôt (certains clubs de ProD2 ont des internationaux, donc il y a aussi des doublons, mais ils n'ont pas de coupes d'Europe). Et comme le dit Yonolan ci-dessous cent fois mieux que je ne pourrais le dire, la ProD2 est un championnat attractif en soi. C'est bien plus qu'une antichambre, c'est un vrai championnat d'élite, le seul véritable championnat professionnel et de haut niveau de deuxième division en Europe. Les Anglais essayent de rebâtir le leur, mais n'y arrivent pas. On ne gagnerait rien à supprimer les phases finales en ProD2, au contraire, l'attractivité de ce championnat y perdrait, j'en suis persuadé.
P243151
P243151
N’empêche Grenoble deux années de suite avec un buteur niveau F3 ils seraient montés
Vieille Gloire
Vieille Gloire
Le Top 14 est une ligue casiment fermée ! Ce qui amène le rugby français face à ses contradictions. Grenoble termine premier de Pro D2, mais ne montera pas. Une fois encore, le barrage d’accession a profité au 13e de Top 14. Depuis 2018, 70 % des relégués sont des promus de l’année précédente. Le rugby français verrouille son élite. Ce système crée une injustice flagrante : le meilleur de la saison n’a aucun droit à la montée directe. Il doit encore gagner une demi-finale, une finale, puis s'il a échouer à cette dernière il a droit à un match contre une équipe mieux armée, mieux préparée, souvent plus riche. Résultat : les clubs montent à la va-vite, mal préparés, et redescendent aussitôt. Le fameux "effet ascenseur". Que va faire Montauban dans cette guerre ? Faut-il supprimer les phases finales en Pro D2 ? Ou au moins garantir la montée au premier du classement ? Bah cela permettrait une meilleure préparation, et donc eventuellement plus de stabilité, et un vrai renouvellement en Top 14. Car aujourd’hui, l’élite ne tourne plus. Elle se verrouille. Et ce n’est plus seulement une question de mérite, mais de format.
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