D’abord, un contexte : saviez-vous qu’historiquement, le terme coqueluche provient du chapeau que l’on portait afin d’éviter d'attraper la maladie du même nom ? À la même époque "être coiffé de quelqu'un" signifiant "en être amoureux", on était rapidement la "coqueluche" de quelqu’un lorsque l’amour nous n’empêchait de voir les défauts d'une personne, comme le faisait cette grande coiffe lorsqu’on l’avait sur la tête…
6 NATIONS. Le stade Vélodrome de Marseille, trèfle à 4 feuilles du XV de France
Ainsi, si l’on fait confiance aux langues vipérines pour pointer du doigt les carences de
Posolo Tuilagi (lorsqu’elles apparaîtront) en moins de temps qu’il ne faudra pour le dire, un étrange sentiment nous a traversé, au moment de voir le golgoth catalan prêt à entrer sur la mythique pelouse du Vélodrome, vendredi soir dernier. Et quelque chose nous dit qu’il pourrait bien être l’une des nouvelles coqueluches du rugby français, après 2 ou 3 charges bien senties.
Car la façon dont la foule marseillaise accueillit le tank moustachu ne trompe pas : de mémoire d’observateur, jamais, on avait vu le public français rugir de la sorte à chaque intervention d’un joueur pour sa toute première cape. Et puis, combien sont-ils à avoir bénéficié de telles faveurs sur la scène internationale ? Trois peut-être, en comptant les grondements plus mesurés qui ont toujours entouré les prises de balle d'
Uini Atonio ?
Bastareaud d'abonder pour RugbyPass, concernant celui qui est déjà le plus jeune avant français de l’histoire du
Tournoi des 6 Nations : "
pour moi, il n'est pas encore à point. Mais c'est le phénomène de ces prochaines années, c'est certain."
Coqueluche physique, façon Chabal ou Bastareaud
La future coqueluche du rugby français, donc ? Pour faire les comptes, on n’englobera pas
Antoine Dupont, sain parmi les sains, vedette in extenso de ce XV de France, et bien plus encore. Non, ce que dégage Posolo Tuilagi, lui, ressemble davantage à un sentiment de force brute incommensurablement. Somme toute logique quand on sait que le papa, Henry, autrefois joueur le plus effrayant de la planète, mettait 250 kilos sous la barre lorsque quiconque osait le défier.
Posolo, mine pouponne, cheveux longs et gabarit d’Hagrid (1m92 pour 145kg), semble plutôt évoquer à la vox populi quelque chose qui s’apparenterait à ce qu’ont représenté Sébastien Chabal et Mathieu Bastareaud - voire Uini Atonio dans une moindre mesure - à leur prime. Des monstres physiques, devenus chouchous du grand public un beau jour car épais comme deux hommes et dotés d’un look singulier, pour dire le moins.
Est-ce grave, docteur ? À première vue non, au contraire, même s’il convient de rappeler que ces garçons ont également été autant raillés que ce qu’ils ont été scandés. Comme des bêtes de foire que l’on enverrait à l’abattoir une fois que l’on avait jugé que leur carcasse n’était plus assez bonne pour divertir.
Le banc lui sied à merveille
Las, malgré l’effervescence des réseaux sociaux depuis lors, on espère donc que le plus grand juge de la planète saura mettre son impitoyable marteau de côté et simplement encourager le garçon d’origine samoane. Reconnaître son potentiel exceptionnel, savourer autant sa férocité sur le pré que sa douceur en dehors, ainsi que respecter sa timidité naturelle que son jeune âge (19 ans !) n’est naturellement pas encore en mesure de surpasser. Tout en ne lui tirant pas dessus au premier raté.
Deuxième test samedi, en
Ecosse, où, pour notre plus grand soulagement, le neveu de Manu sera une nouvelle fois sur le banc, contrairement à ce que beaucoup ont demandé. Pour dire vrai, on aurait tellement eu peur que le champion du monde U20 souffre du rythme, n’ait alors pas son impact habituel et soit pour ainsi dire jeté en pâture sur l’autel impitoyable de Twitter, Facebook Instagram, et désormais TikTok.
Laissons donc lui tranquillement le temps de faire ses 25 minutes par match durant ce Tournoi avant, éventuellement, de le tester d’emblée cet été en
Argentine. Lorsqu’il aura pris la mesure du niveau international, glané 10 matchs en plus dans la besace et accumulé l’expérience qui va avec. Lui qui ne compte, pour l’heure, encore que 15 titularisations chez les pros. Et qui comme tout colosse, pourrait parfois avoir les pieds en argile…
Tout ça pour augmenter le coté attractif et donc bankable du spectacle ?
Et espérer quelques retombées en licences
Et si on lui laissait le temps ?
Le temps de prendre la mesure de ce nouveau palier
Le temps aussi pour l'homme de connaitre l'équilibre qu'il voudra dans sa vie
Entre son métier et sa vie privée et connaitre les sacrifices qu'il voudra supporter dans son métier pour être tout en haut si c'est son désir et si il en a réellement les moyens : cet équilibre lui appartient et c'est à lui de le décider et pas aux médias
C'est aussi ça respecter l'humain et ses aspirations