Ce qu'on attend de vous ? Que vous réagissiez et donniez votre opinion ! Aujourd'hui, place au cas Philippe Saint-André.
Philippe Saint-André
Maxime : Bon, les gars, que faut-il penser de notre sélectionneur ?
Clément : Difficile de ne pas l'incriminer, car en grande partie responsable, comme son staff. Oui, PSA subit le système, mais comme toujours, ses choix sont contestables. À un an de la Coupe du monde, il nous a sorti une liste de 74 complètement wtf avec des choix improbables. Même chose pour la liste des 30 joueurs protégés... 8 d'entre deux n'ont même pas joué le Mondial. Qui se souvient de Claassen ?
Thibault : Je pense que le mec n'avait pas du tout conscience du boulot. Il a débarqué en mode bisounours, en bon pote en offrant une belle sortie aux anciens lors du Tournoi 2012 alors qu'il aurait dû faire des choix direct !
C : On n'a pas senti qu'il était capable de mener une équipe à la victoire. Ça fait trois ans qu'il évoque la préparation estivale de la coupe du monde... Son bilan c'est quand même qu'il n'a jamais terminé sur le podium du 6 Nations. Jamais battu le PDG, l'Irlande, la NZ.
Riwan : Tirer sur l'ambulance avec une lance-roquette, ce n'est pas très classe. PSA est très exposé depuis quatre ans et il ne mérite pas de se faire lyncher pour tout le monde. Tout le staff a une responsabilité. Bru et Lagisquet évidemment, mais on peut même aller chercher plus loin en citant le prépa physique qui s'est visiblement trompé en misant tout sur la MUSCUUUU, alors que toutes les autres équipes envoient du jeu.
Nicolas : Tout le monde est d'accord pour dire qu'il ne faut pas descendre l'homme, ce n'est qu'un pion. On peut lui reprocher son manque de crédibilité qui affecte forcément les joueurs (qui a envie de se battre pour PSA ?) mais pour moi, ils n'auraient jamais dû le laisser quatre ans. Il faut aussi voir les joueurs qu'il a... On peut pas lui demander d'être magicien !
C : C'est vrai que la génération actuelle n'a rien d'exceptionnelle. Qui serait titulaire dans un XV Mondial ? Un XV Mondial bis ? Maestri ?
R : La génération, ce n’est sans doute pas la meilleure mais quand on voit l'Irlande, le Pays de Galles, l'Écosse ou l'Argentine je n’ai pas l’impression que leurs joueurs soient 100 fois plus talentueux. Par contre eux, ils ont un cadre de jeu bien défini et ils savent ce qu’ils foutent sur un terrain.
Fallait-il se séparer de PSA ?
M : Pas d'accord avec Nico. Quand on installe un entraîneur pour 4 ans - et donc la prochaine Coupe du Monde - il faut le laisser. Deux ans, c'est 15 matchs : trop peu pour le juger.
N : On demande des résultats et quand ça ne marche pas, faut que ça tourne.
T : On aurait pu le sortir, mais ce n'est pas dans la philosophie française de le faire.
N : C'est bien le souci ! On a une philosophie des années 70 dans le rugby, c'est pas nouveau, et moi ça me gonfle.
T : Quand on voit ce que ça a pu donner avec l'Australie, on aurait pu le sortir oui. Au début, je n'étais pas forcément pour, car je ne pensais pas qu'on pouvait tout reprendre à zéro. Mais en deux ans, c'est largement faisable, voire même moins comme avec Cheika. Mais les joueurs ? S'ils ne sont pas bons, on ne peut pas faire de miracles non plus.
C : Il fallait sortir PSA, oui. Soit après la tournée d'été 2013 en Nouvelle-Zélande, soit après la tournée d'automne de la même année. Le problème, c'est qu'on accroche les Blacks à ce moment, et on se croit arrivés... Résultat ? Un 6 Nations 2014 catastrophique. Et là, tu ne peux plus changer, c'est trop tard.
M : Le virer en Automne ? Pour prendre qui ? Les coachs français sont sous contrat, aucun club n'aurait lâché avant l'intersaison.
T : Je ne sais pas s'il y avait du monde de disponible à l'époque, mais pourquoi ne pas aller voir à l'étranger ? Pour deux ans, ce n'est pas la mort ? J'aimerais vraiment voir un étranger à la tête des Bleus. Beaucoup vont gueuler parce qu'il y a de bons techniciens en France mais justement, à cause des contrats, c'était une bonne excuse pour tester.
N : Je te rejoins.
C : Pareil !
M : Vern Cotter nous a démontré que la présence d'un coach qui sait où il va peut faire beaucoup de bien à une équipe et en tirer son maximum.
La suite, page 2.
Trop d'ambitions... et manque de caractère ?
T : PSA a vu trop gros en annonçant qu'on serait champions du monde. Mais il avait la pression. Il faut assumer ses ambitions, ce n'est pas simple.
N : Il ne peut pas dire autre chose, c'est peut-être la seule fois où il a été bon en com !
M : Ce n'est pas l'entraîneur qui fixe les objectifs. Un entraîneur ne peut pas faire autrement que d'annoncer que le quête du titre est l'objectif.
N : L'importance du facteur psychologique est primordiale, t'as pas envie de te battre pour PSA. Je pense que quand Cotter te dit un truc, tu l'écoutes, tu lui fais confiance, et tu as envie de t'y filer.
R : Pour revenir sur les joueurs, la génération n'est pas si pauvre. Fofana, Bastareaud ou Dulin, on ne peut quand même pas dire que ce soit plus faible que Mark Bennett ou Sean Lamont. Quand tu regardes le Pays de Galles, la dernière passe de Jamie Roberts date de 2008, mais dans le système de jeu gallois, il est bien utilisé.
N : On a du potentiel, mais on ne sait pas le faire briller.
T : Ce que je trouve dommage, c'est que les joueurs n'ont pas leur mot à dire. Ils rêvent d'être sélectionnés et de jouer une Coupe du monde. Donc, ils ne disent pas que ce qu'ils font est pourri. Ils attendent la fin du mandat. C'est dommage.
M : D'après ce que dit Mermoz, c'est le fait de l'ouvrir qui l'a exclu.
T : Parce qu'il est seul ! Si tu as la moitié des mecs qui l'ouvrent (pas forcément dans les médias), les cadres, voire le capitaine, ça peut être différent.
R : C'est difficile de savoir ce qu’il se passe dans un groupe, donc on peut pas trop juger. Mais si on regarde Cheika, il a gardé des caractériels comme Cooper ou Beale, et ça se passe bien ! Quand t’as un peu de charisme, c’est plus facile de gérer ce genre de personnalités.
M : Cheika fait très peur à tout le monde, le choix de Novès ne semble pas innocent pour la suite.
C : Pour rebondir sur ce que dit Thibault, il faut évidemment que les joueurs l'ouvrent s'ils ne sont pas satisfaits.
T : Maintenant que c'est fini, ils balancent, comme Papé.
C : Le groupe, sans caractère et assez lisse vu de l'extérieur, ça reflète aussi le capitanat de Dusautoir. Le joueur a été énorme, et il n'aurait pas eu le record de capitanat s'il n'était pas bon dans ce rôle. Mais l'esprit de révolte part du capitaine, et j'ai du mal à le voir incarner une révolution l'ami Titi, le voir monter au créneau ! Pour rappel, la période du mandat de PSA ou tout allait bien, où on marchait sur tout le monde : novembre 2012. Qui était capitaine ? Pascal Papé ! J'ai du mal avec lui, mais reconnaissons-lui ça.
N : Je partage moyen, il faut quand même un mec intelligent et respecté pour prendre les décisions, ne serait-ce que sur le terrain.
Ovale Masqué : Dusautoir est peut-être trop effacé pour bouger les Français qui sont quand même des gros branleurs de latins. L’Angleterre a eu un peu le même problème avec Robshaw qui est très respecté mais qui a le charisme d’un labrador.
T : Blanco devait justement servir de tampon entre les joueurs et le staff...
OM : Blanco n'a plus aucune crédibilité avec ce qu’il a fait au BO. Aucun joueur actuel n’était né avant qu’il ne fasse 130 kilos, il doit pas tant les impressionner que ça.
Conclusion
M : Votre bilan, c'est quoi ?
C : Victime trop facile du système, mais coupable. Il a voulu imposer une nouvelle philosophie et s'est royalement planté quand on voit le style de jeu dans ce mondial. Il a voulu une équipe qui jouait sur le physique. Des athlètes avant d'être des rugbymen. Résultat ? Les mecs sont perdus sur le terrain.
R : Un coach étranger pour changer un peu les mentalités, ça pourrait être pas mal.
T : Il est coupable d'avoir accepté le job. Il a fait ce qu'il a pu avec ses capacités.
N : PSA c'est la cible facile avec une crédibilité qui le dessert, ce n'est qu'un pion qui fait avec ce qu'il a. Il a subi pendant quatre ans.
OM : Je pense que le charisme de Jo Maso a beaucoup manqué, il aurait pu un peu soulager PSA pour les conférences de presse.
M : Pour rappel, Saint-André a été refusé par les Gallois en 2004, il n'avait pas un palmarès fou (champion d'Angleterre avec Sale en 2006) et n'a pas brillé à Toulon. Sa légitimité n'était pas totale et il a souffert de ce manque d'expérience pendant 4 ans. En Angleterre, personne ne le sollicitait, et à Toulon c'est Boudjellal qui parlait. Il est loin d'être le seul responsable et c'est avant tout aux joueurs de prendre les choses en main. Il s'est replié sur des choses simples pour lutter contre les grosses équipes et c'est une erreur.
