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Commotionné à plusieurs reprises, un ancien champion du monde parle de ses envies suicidaires

Pour le Daily Mail, l’ancien talonneur international anglais Steve Thompson évoque les conséquences de ces nombreuses commotions.

Erwan Harzic 24/04/2022 à 16h30
Steve Thompson a été un cadre du XV de la Rose pendant des années. Champion du monde et icone de sa sélection, le rugby semble lui avoir tout pris quelques années après.
Steve Thompson a été un cadre du XV de la Rose pendant des années. Champion du monde et icone de sa sélection, le rugby semble lui avoir tout pris quelques années après.

En 2003, il était sur le toit du monde. Aujourd’hui, il ne se souvient parfois plus de sa propre femme ou de ses enfants. Dans un entretien accordé au Daily Mail, Steve Thompson livre un portrait glaçant de son après carrière. Pour le journal anglais, il met en avant son état de santé. Entre les sautes d’humeur, les pertes de mémoires et les envies suicidaires, la vie de l’homme semble avoir pris une bien triste tournure. Il y a quelques mois, il avait déjà signalé publiquement qu’il souffrait de “démence précoce et d'encéphalopathie traumatique chronique suspectée.Victime de démence précoce, Steve Thompson ne se souvient pas d’avoir été champion du mondeVictime de démence précoce, Steve Thompson ne se souvient pas d’avoir été champion du monde

Le côté physique du jeu a amené de multiples acteurs du rugby professionnel à subir des commotions à répétition. Le joueur souhaite que “les choses changent” et que “le rugby doit se mentir à lui-même.” Surtout que l’ancien talonneur l’affirme : “Je n'aimais pas le rugby. C'était un travail. Je n'ai jamais aimé ça et je n'ai eu aucun problème à m'en aller et à faire d'autres boulots après mon arrêt en 2011. J'ai adoré être dans une équipe, avoir cette famille, mais pas le rugby lui-même.” S’il n’a pas eu d’amour pour le ballon ovale, l’homme aux 73 sélections avec le XV de la Rose ne peut même pas profiter des quelques moments d’allégresse de cette carrière. Il déclare “ne presque pas se souvenir” de ce qu’il a pu accomplir.

Une situation personnelle compliquée

D’un point de vue plus personnel, l’ancien joueur a notamment dû abandonner la carrière qu’il s’était promis après celle des prés. Manuel, il s’était reconverti comme ouvrier. Un travail qu’il a arrêté à la suite de complications d’assurances entre son employeur et lui. Pour le journal anglais, il livre une anecdote : “ J'avais commencé à travailler sur les conduites d'eau. J'adorais travailler de mes mains. Mais je suis retourné à la camionnette une fois pour chercher des outils et je n'avais aucune idée de la raison pour laquelle j'étais allé là-bas.” De la même manière, celui que l’on surnommait Wally ne peut plus réagir à des situations imprévues. Il explique par exemple que si l’un de ses enfants faisaient tomber un verre, il serait “incapable de le ramasser”.COMMOTION. Une nouvelle enquête jette un froid sur l'avenir du rugby et la santé des joueursCOMMOTION. Une nouvelle enquête jette un froid sur l'avenir du rugby et la santé des joueurs

Au sujet de sa famille, les réactions sont d’ailleurs contrastées. Durant l’entretien, le journaliste du Daily Mail évoque un homme dont le visage s’illumine à chaque mention de sa famille. De la bouche de l’ancien champion du monde, il déclare une impression bien triste liée à ses proches. Souvent incapable de se souvenir du nom de sa femme ou de ses enfants, sa situation l’a amené à développer des idées suicidaires. Il raconte se sentir parfois “sans valeur” regrettant de mettre sa famille dans une situation pour laquelle “ils n’ont pas signé.” Sur ses pensées qui le pousse à en finir, il livre ce témoignage :

J'ai été mis sous surveillance anti-suicide il y a peu de temps. Il y a quelques semaines, j'étais à la gare dans un état compliqué. Mon médecin suggère certaines choses pour m'aider à garder la tête froide, comme me vaporiser du parfum de Steph (sa femme) ou regarder des photos de mes enfants. Ce jour-là, j'ai juste pensé "P*t*in", il y a un TGV qui passe sans s'arrêter. En fait, il était déjà parti avant que j'arrive. Je me suis assis et j'ai juste pleuré toutes les larmes de mon corps.[...] Je me surprends parfois à penser que la chose la moins égoïste à faire est de me tuer. J'ai plus peur des hauts que des bas. Quand je suis en forme, je me sens brillant. Puis soudain, quand ça ne va plus, je dois laisser tomber tout le monde parce que je ne peux pas faire ce que j'ai promis. C'est juste… dur. Je le répète, j'aurais aimé ne jamais jouer au rugby.”

Gregoire
Gregoire
Je suis fort triste pour ce monsieur cependant; il me semble qu'il était plutôt du tonneau de Jamie Cudmore ... a ne pas respecter les conseils à l'epoque. J'ai du mal avec ce double discours ... mais c'est triste pour lui !!
Papatch
Papatch
C'est dramatique ce que cet homme et sa famille doivent vivre. Je pense qu'il doit exister d'autres anciens joueurs ayant des séquelles analogues. Un recensement et une médiatisation plus intense ferait peut être cesser l'hypocrisie et l'omerta sur ces blessures.
Yonolan
Yonolan
Témoignage fort et dérangeant d’un homme de 45 ans qui a sa vie gâchée Parce qu’à l’époque cette question n’était pas d’actualité ? surement Ibanez, Robbins Tchalé Watchou, Marie-Alice Yahé ont eu plus de chance ; parce qu’une autre époque et un autre environnement Depuis 2017 que ce soit les équipes du docteur Chazal ou les chercheurs du National Institutes of Health aux USA ont pu trouver un marqueur de ces traumas crâniens dans le sang : la protéine tau. Elle permet de pouvoir connaitre le temps de récupération individuel, pour peu qu’on ait eu la précaution de faire un échantillon témoin Et d’éviter ainsi des commotions cérébrales intervenant sur un sujet non totalement rétabli qui sont alors encore plus catastrophiques en termes de conséquences Marie-Alice Yahé, a fait un malaise, qui s'est avéré être un KO : "C'était absolument improbable de faire un KO avec un choc si faible. Mon cerveau était fatigué par les commotions cérébrales Bon aujourd’hui ce genre de tests n’est pas imposé par WR Qui a juste fait une préconisation que l’entraînement avec un engagement réel soit limité à 15 minutes par semaine Est-ce appliqué ? et si on limite les engagements réels à 15 mn par semaine que dire d’un match alors ? Et ce n’est pas parce que les effets de la commotion ne seront plus visibles dans le sang, que le joueur pourra refaire une commotion sans amplifier ses risques à long terme ; cela ne change en rien le nombre de commotions maximum dans une carrière ; car là il s’agit d’une capacité des tissus à se reconstituer sans séquelles Aujourd’hui on a de plus en plus d’outils de mesure fiable et personnalisé qui dans leurs évolutions permettront de fixer à chaque joueur la ligne rouge ; en fonction de ses prédispositions naturelles et d son vécu de joueur Reste à avoir une volonté politique forte et réelle pour mettre cette question en haut de la pile Et en tirer les conséquences sur le terrain
pascalbulroland
pascalbulroland
Il est dans le même état que les joueurs de foot US qui ont subi des commotions...j'espère qu'on l'aidera le plus possible, s'il a une ECT l'avenir sera terrible pour lui
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