Teddy Iribaren, intérimaire de luxe
La blessure du demi de mêlée international Maxime Machenaud avait laissé planer un sérieux vent de doute sur cette finale côté racingman. Privé de son buteur et maître à jouer sur la pente ascendante depuis plusieurs mois, le Racing 92 avait-il les armes pour contrecarrer la province irlandaise ? Pour sa première finale européenne, Teddy Iribaren a fait preuve de beaucoup de lucidité et de sang-froid, avec notamment un jeu au pied précis qui a permis de soulager les siens. Il a fait preuve d'alternance et s'est montré précieux face aux perches après la blessure de Lambie. Seul point noir, ce moment à la 69e où, à quelques mètres de l'en-but, il n'a pas vu que le ballon était sorti du ruck pendant qu'il donnait des consignes.
Le Racing met les barbelés
Avant ce match, le Leinster c'était 31 essais marqués et des systèmes huilés capables de mettre à mal n'importe quelle défense. Celle du Racing a bien failli craquer au quart d'heure lorsqu'une redoublée initiée par Sexton a vu Nacewa échouer à quelques mètres de l'en-but. La meilleure défense du Top 14 et de la Champions Cup n'a pas failli, et ce, même sur cette pénalité rapidement jouée par Sexton, qui a feinté la touche pour jouer à la main, stoppée par un grattage de Chat. Les Franciliens ont construit leur match sur des plaquages incisifs et un replacement défensif ultra rapide. Et le tout, en se montrant discipliné. À l'inverse, celle du Leinster a concédé plusieurs pénalités.
De l'intensité en pointillé
Conséquence de cette partie en mode attaque-défense - le Leinster ayant eu plus de 60 % de possession et d'occupation dans le premier acte - le match n'a guère offert sa plus belle publicité au rugby dans ce stade de football. Les Irlandais ont alterné le défi physique et jeu direct avec des lancements de jeu au large mais rien n'y a fait. Contraints de défendre durant une grande partie de la rencontre, les hommes du duo Travers/Labit ont fini par concéder des pénalités. Les Irlandais ont donc pris les points par Sexton jusqu'à égaliser avant l'heure de jeu (9-9). L'essentiel de l'action s'est ensuite cantonné entre les lignes des 10m avec un jeu de gagne terrain.
Le tournant du match ? Une touche contrée puis concédée
Le Leinster a dû attendre la 79e pour prendre l'avantage pour la première fois de la rencontre. Sexton ayant connu deux échecs à longue distance, c'est le capitaine Nacewa qui a pris ses responsabilités à deux reprises. L'ailier a permis aux Irlandais d'égaliser puis de passer devant (15-12). Une 13e pénalité qui est intervenue après une ultime attaque de Leinster consécutive à une touche concédée par Thomas. Le Racing peut nourrir des regrets puisque quelques instants plus tôt, Nakarawa avait contré l'alignement irlandais, mais l'ailier a été enfermé sur la touche et n'a pu dégager. Derrière, les Tricolores ont réussi à récupérer le cuir sur le renvoi, mais le drop de l'égalisation de Talès, aligné de dernière minute, a fui les perches.
Le Leinster dans l'histoire
Le Leinster rejoint le Stade Toulousain en remportant son quatrième titre européen. Les Irlandais ont joué quatre finales et les ont toutes remportées. Sans être spectaculaire, à l'instar de la sélection irlandaise titrée récemment dans le Tournoi des 6 Nations, la province est allée au bout d'une saison parfaite où elle aura remporté tous ses matchs. Pour le Racing 92, c'est une nouvelle déception après la finale perdue de 2016. Mais ce revers devrait laisser plus de traces car les Franciliens ont tenu la dragée haute à leurs adversaires jusqu'à la 79e. Solides en défense, ils pourront regretter d'avoir été un peu trop minimalistes dans leur jeu d'attaque. À trop défendre, ils ont été punis.