"Allez les Bleus, allez les Bleus..." À peine mis un pied dans le métro qu'on entendait déjà les entrailles de la cité phocéenne résonner, samedi. Pour la finale de la Champions Cup organisée à Marseille, il faut dire que les supporters irlandais comme rochelais s'étaient déplacés en nombre : 59 850 personnes étaient annoncées dans la plus belle enceinte de France. D'un côté, les amourachés du Leinster, poches pleines, pas venus pour soutenir les Bleus mais plutôt pour encourager les "Boys in Blue" et par la même occasion chambrer les Maritimes en reprenant le plus célèbre refrain tricolore de l'ovalie. À l'opposé du quais, les Bagnards répliquent avec des "Rochelais, Rochelais" que l'écho de la bouche "Castellane" magnifie, avant quelques accolates bon enfant au moment d'embarquer. À mille lieux du triste spectacle offert par nos cousins du football quelques heures plus tard à 800km de là, dans la ville ennemie...
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En suivant, pas le temps de faire 3 pas au Rond-Point du Prado que l'on croise un confrère du Midol : "j'espérais passer inaperçu avec ma casquette sur la tête", plaisante-t-il. Raté pour cette fois ; à Marseille, personne n'échappe à notre radar mais l'occasion est trop belle pour ne pas débriefer la finale de la veille et tenter d'anticiper celle du jour. En toute honnêteté, ni lui ni moi ne voyons les Rochelais tenir l'immense bataille qui les attend d'ici 2 heures face aux si précis hommes de Dublin. Reste qu'au moment d'entrer dans le "Vél" et où nos chemins se séparent, il me lance un poncif aussi connu que vérifié : "avec des machines si bien huilées, un grain de sable suffit à tout dérégler." C'est qu'il avait vu juste, le Zanar...
L'action de la gagne, symbole de la fièvre rochelaise
Sur le parvis de l'écrin marseillais, la fièvre rochelais se faisait déjà ressentir et nous donnait une mise en bouche des plus réprésentatives de ce qui nous attendrait pendant la rencontre. Quelque temps plus tard, après qu'Austin Healey et Ugo Monye aient pris le temps d'expliquer - la gonfle entre les mains - la stratégie de jeu du Leinster en plateau bord de stade, les tribunes se remplissent. Encore et toujours. Ici et là, on nous demande d'abord le parcours de Gibson-Park, puis les origines de Van der Flier, histoire de mieux appréhender l'adversaire rochelais. Chose qu'à n'en pas douter, les hommes de ROG avaient, eux, fait à la perfection, compte tenu de leur prestation.

En Jean-Bouin, là où les réservistes du Leinster avaient établi leurs quartiers, ce fut dingue. Car si les Toner, Cronin, Kearney ou Larmour bouillonnent, sautent et manquent s'époumonner à chaque pénalité récupérée par les leurs, la foule rochelaise a du coeur, elle aussi. Et comment ! "Même quand on était dans le dur, même quand on était à moins huit après le carton jaune, ils (les supporters) n’ont eu de cesse de nous encourager, de nous soutenir, soulignait Greg Alldritt après la rencontre. On a entendu deux fois la Marseillaise, des "La Rochelle, La Rochelle" pendant 80 minutes. Évidemment que cela aide à se replacer, à faire des efforts supplémentaires quand on est dans le rouge."
Jonathan Danty et les locaux de l'étape du Stade Phocéen
L'histoire retiendra que c'est d'ailleurs là, face à un virage sud complètement acquis à la cause rochelaise, que les Jaunes et Noirs ont pilonné la ligne irlandaise durant plus de 8 minutes. "Je ne sais pas si c’est un hasard, mais le fait est que nous avons joué l’action de la victoire devant le virage où nos supporters étaient les plus nombreux. Et je peux vous dire que derrière nous, ça poussait fort", poursuivait le capitaine. Jusqu'à l'essai libérateur de Retière, à la 78ème minute de jeu. Au bout du suspens, la marée maritime explosait et les héros du jour exultaient. Pendant que ce même Retière et un autre représentant de cette nouvelle génération, Berjon, lâchaient leurs meilleurs "Shifter pro" et "c'est Marseille bébé". "Je crois qu'on va rentrer à La Rochelle en bateau", concluait l'un des préparateurs physiques du Stade Rochelais au moment où ses joueurs soulevaient le trophée. À Marseille la belle, la rebelle, rien n'est pareil...