Durant la saison dernière, la France a illuminé la Coupe d’Europe en proposant deux de ses clubs en finale de la compétition et s’octroyant bon nombre de places en demie et en quart. Ce mercredi 21 juillet aura lieu la première étape de l’exercice continental 2021/2022 : le tirage au sort des poules. Une échéance attendue qui désignera qui affrontera qui au cours de quatre matchs au début à la fin du prochain automne.
Répartis en 2 poules de 12, les Français ne pourront pas rencontrer d’autres clubs de Top 14 en poule. Ils joueront quatres matchs, deux doubles confrontations aller-retour face à une équipe anglaise et à une formation de Pro 14. Pour connaître le niveau de leurs ennemis, il faut se référer aux chapeaux. Les équipes en chapeau 1, finalistes des championnats locaux, affrontent ainsi les formations en chapeau 4, derniers qualifiés. Et les équipes du chapeau 2, demi-finalistes locaux, affrontent celles du chapeau 3, barragistes de Top 14 ou 5ème et 6ème de Premiership et Pro 14. Maintenant que nous connaissons ces dispositions, partons pour un tour d’horizon des différents adversaires des 8 clubs français en lice.
Chapeau 1 : Stade Toulousain/Stade Rochelais
Vous l’aurez compris, les deux derniers finalistes de la Champions Cup et du Top 14 affronteront donc deux équipes du chapeau 4 en matchs aller-retour. Des confrontations qui paraissent naturellement déséquilibrées au vu du niveau affiché par les formations françaises. Cependant, il est important de toujours rester à l’affût en Coupe d’Europe, surtout avec ce format à 24 clubs. Les potentiels adversaires des clubs français sont donc Bath et les Wasps, côté anglais, et les Cardiff Blues et Glasgow Warriors, côté celte.
Sur ces 4 formations, les plus accessibles semblent être Bath et Glasgow. Les Cardiff Blues ainsi que les Wasps semblent légèrement mieux armés pour la compétition européenne. Le club de la capitale galloise a notamment recruté chez son potentiel futur adversaire. En effet, Rhys Priestland arrive de Bath cet été. L’ouvreur international gallois vient sûrement pour combler l’espace laissé vide par les blessures puis le départ de Gareth Anscombe. Fort de son expérience, il pourrait permettre à Cardiff de tenir à minima la barre dans cette compétition européenne. Du côté anglais, les Wasps restent un gros morceau habitué aux joutes européennes. Dans le dur la saison dernière, le club réalise son plus mauvais exercice en Premiership depuis 8 ans. Toujours fort d’un effectif bien fourni, auquel se rajoutera Vaea Fifita, cette saison est l’occasion de montrer que 2020/2021 n’était qu’une mauvaise passe.
Du côté des Glasgow Warriors, la descente aux enfers ne semble plus en finir. Fier d’une belle génération, le rugby écossais espérait rejouer les premiers rôles niveaux clubs. Ce fut le cas pendant quelques années pour la province du nord de l’Ecosse. En Pro 12 puis Pro 14, le club jouait les têtes de séries au côté du Leinster. Cependant, plusieurs cadres en fin de contrat ont profité de ce tremplin pour signer dans de plus grosses écuries. Les cas de Jonny Gray et Stuart Hogg en témoignent et l’hémorragie ne semble pas prête de s’arrêter. Les départs de Huw Jones et Adam Hastings risquent de faire très mal aux Warriors pour qui l'arrivée de l’ouvreur Duncan Weir sera sûrement insuffisante. Du côté du sud-ouest de l’Angleterre, Bath semble ne pas s’armer pour l’Europe. L’arrivée de l’ancien pilier du MHR, Johannes Jonker et de quelques autres joueurs compensera difficilement les 14 départs annoncés pour cet été.
Champions Cup / Challenge Cup : le calendrier de l'édition 2021/2022 est là, demandez le programme !
Chapeau 2 : Racing 92/Union Bordeaux Bègles
L’UBB et le Racing 92 se sont rencontrés l’année dernière en Champions Cup au cours d’une rencontre pour le moins fermée. Ce sont les hommes de Christophe Urios qui en sont sortis vainqueurs. Cette année, la place dans le second chapeau de la Coupe d’Europe pourrait offrir une qualification facile pour deux formations sûres de leurs forces. Les derniers demi-finalistes de Top 14 pourraient se retrouver confrontés à deux des quatres écuries suivantes : Northampton Saints, Leicester Tigers, Scarlets et Ospreys.
Pour les clubs qui semblent le plus à même de tenir tête aux tricolores, les Ospreys et les Leicester Tigers sont les candidats les plus convaincants. Si les deux clubs anglais du chapeau 3 ne semblent pas avoir un niveau si éloigné que ça, c’est l’intersaison qui risque de faire la différence. En effet, Northampton et Leicester ont adopté deux stratégies opposées. Chez les premiers, la direction sportive a maintenu son effectif avec peu d’arrivées (4) elle accuse le double de départ. Beaucoup de remplaçants certes, mais également la légende All Blacks Owen Franks qui rentre au pays. Alors que chez les Tigers, la fenêtre des transferts est bien plus active. Avec 18 arrivées pour 15 départs, ils font plus qu’un ménage de printemps. Parmi les nouveaux arrivants, beaucoup de jeunes mais quelques beaux noms comme Freddie Burns, François van Wyk mais aussi le jeune Jordan Olowofela. Ce dernier est un jeune ailier anglais qui a pu faire ses armes en Super Rugby cette année. Il s’est particulièrement illustré lors de la dernière journée du Super Rugby AU où il a inscrit un triplé envoyant son équipe, la Western Force, en phase finale.
Dans ce chapeau 3, on retrouve deux équipes galloises côté Celte. Peu en réussite ces dernières années au niveau de la Champions Cup, ils devraient avoir à cœur de montrer un nouveau visage. Cet été, les Scarlets ont réussi à faire venir deux belles recrues, WillGrif John et Tomas Lezana, et à ramener Scott Williams à la maison. Du côté des Ospreys, c’est ni plus ni moins que le vétéran Tomas Francis qui va de nouveau évoluer en terre galloise lors de la saison régulière. Venu tout droit des champions d’Europe 2020, les Exeter Chiefs, le pilier international gallois est accompagné de deux autres joueurs du club anglais : Alex Cuthbert et Elvis Taione. Une belle pioche qui fait que selon nous les Ospreys prennent un léger avantage sur leurs compatriotes. De manière générale, les équipes qui rencontreront le Racing et l’UBB semblent être toutes d’un niveau similaire. De quoi produire de belles confrontations !
TOP 14. Le fantôme Boffelli, les satisfactions Beale et Fickou : les recrues du Racing 92 ont-elles convaincu ?
Chapeau 3 : Stade Français Paris/ASM Clermont Auvergne
Avec comme adversaires potentiels les Bristol Bears, les Sale Sharks, l’Ulster et le Connacht, les barragistes de la saison 2020/2021 ne risquent pas de s’ennuyer cette année en Champions Cup. Si les deux formations anglaises semblent au-dessus des irlandaises, c’est surtout la formation des Bristol Bears dont doit se méfier les Parisiens et Auvergnats. Solide offensivement, les deux formations françaises présentent cependant quelques carences défensives qui devront être vite gommées pour espérer tenir la dragée haute à leurs adversaires en poule.
Les équipes britanniques font peur dans ce chapeau. Si Bristol fait figure de favori presque évident aux premières places du groupe, il faudra aussi compter sur la présence de l’armada sud-africaine des Sale Sharks ou bien sur l’Ulster, habitué à ces rencontres. Le Connacht lui, sans vouloir rabaisser ses qualités, semble nettement en dessous des autres formations.
Si les Anglais semblent particulièrement au-dessus, c’est parce que les 4 premières équipes du championnat 2020/2021 ont fait peu de cadeau à leurs concurrents. Malgré leur titre de champion, les Harlequins avaient finis 4ème de Premiership, donc derniers qualifiés pour les phases finales. Cela ne les avait pas empêchés de distancer les 5ème de 14 points au classement final. Un écart conséquent qui montre le niveau de ces formations. Chez les Sharks, l’arrivée de Tommy Taylor, Nick Schonert et Simon McIntyre risquent même de rendre l’effectif encore plus compétitif.
Côté Irlande, passons d’abord par le Connacht. Avec quelques joueurs arrivant du centre de formations, ces derniers ne comptent pas de gros bouleversements dans leurs arrivées estivales. Porté par la bonne structuration du rugby irlandais et l’appétit bien connu de ces derniers pour l’Europe, il ne faudra pas non plus trop douter des coéquipiers de Bundee Aki. Au risque de s’en mordre les doigts. Pour leurs voisins nord-irlandais, il pourrait être cependant plus facile de poser quelques problèmes aux français. L’Ulster possède, à son habitude, un effectif de qualité auquel va s’ajouter des nouveaux venus issus de la formation irlandaise. L’une des pépites annoncées est notamment le jeune Aaron Sexton. Le jeune ¾ polyvalent a déjà eu le droit à une apparition en Pro 14 lors d’une victoire de l’Ulster 43-14 face à Edinburgh. Il est également connu pour avoir brisé plusieurs records nationaux en athlétisme, 100 mètres et 200 mètres, lors de tournois scolaires.
Top 14. Ne pas se qualifier pour les phases finales avec 69 points comme Castres, un ''raté'' record ?
Chapeau 4 : Castres Olympique et Montpellier Hérault Rugby
Comme attendu, la tâche s’annonce loin d’être facile pour le CO et le MHR qui affronteront donc des cadors européens. Plus que des grosses formations, ce sont surtout, pour la plupart, des équipes capables d’appliquer sur 80 minutes une intensité de très haut niveau relative aux compétitions européennes. Et si pour les Exeter Chiefs, le Leinster et le Munster le combat sera l’une des pièces maitresses du jeu, un intrus fait son entrée dans la danse avec une capacité folle à emballer les matchs : les Harlequins.
Faisons preuve d’objectivité et élevons tout chauvinisme habituel entre français et anglais pour admettre une chose : les Harlequins pratiquent sûrement l’un voir le plus beau rugby d’Europe. Avec une puissance offensive folle, capable de rivaliser avec celle du Stade Toulousain ou du Racing 92, elle peut mettre à mal n’importe quelle équipe dans un match aussi prolifique que spectaculaire. Cependant, l'on est peut-être en droit de se demander si les champions d’Angleterre ont les armes pour réussir en Europe. Avec une équipe relativement déséquilibrée, plus performante à l’arrière qu’à l’avant, les Quins semblent ne pas rentrer dans le cahier des charges de ce que l’on attend souvent d’un futur champion d’Europe. C'est-à-dire : une conquête irréprochable emmenée par un pack solide. Une description qui colle cependant parfaitement aux Exeter Chiefs. L’ancien champion d’Europe souffre parfois même un peu trop de cette réputation. Malgré quelques feux-follets comme Stuart Hogg ou Jack Nowell, les Chiefs semblent miser sur leur plan de jeu quasi-systématique consistant à dominer physiquement quitte à tuer le match. Il semble donc que parmi les deux formations britanniques, les Exeter Chiefs soient le plus mauvais tirage possible pour le CO ou le MHR qui devraient avoir du mal à rivaliser dans ces domaines bien que ce genre de rencontres leur convient souvent.
De l’autre côté, aucune surprise. On peut même dire qu’on ne les attend même plus à ce niveau-là tant ils sont installés depuis plus d’une décennie à ce niveau, il s’agit du Leinster et du Munster. Cadors indéboulonnables du rugby européen, il ne semble pas utile de les présenter en profondeur tant leur jeu est connu de tous amateurs de rugby européen. Le Munster mise sur sa conquête et sa domination physique ainsi qu’une défense de fer. Quant au Leinster, les Tarnais ou les Héraultais auront bien du mal à contenir cet effectif ultra complet. Solides en défense et capables de lancements de jeu millimétrés, les quadruples champions d’Europe devraient avoir à cœur de laver l’affront subi face à la Rochelle l’an dernier lors d’un match spectaculaire. Ils pourraient même, pourquoi pas, penser à une 5ème étoile sur leurs maillots.