Jerome Kaino et Victor Vito. Le premier a soufflé sa 38ème bougie quand le second, est de quatre ans son cadet. Leur point commun ? Malgré leurs âges ''avancés'' dans le milieu rugbystique, aucun d'entre eux ne semble émettre une once de fébrilité ou un quelconque signe de déclin. Comme le vin dit-on et c'est bien connu, qui se bonifie avec le temps. Les autres similitudes ? Tous deux sont Néo-zélandais, possèdent un paquet de sélections avec le maillot de la fougère et surtout sont doubles champions du monde (2011-2015). En fait Kaino et Vito, c'est un peu ces légendes dont on parlera plus tard aux générations futures comme des monstres sacrés de ce jeu. Car n'ayons pas peur des mots ou d'abuser de superlatifs toujours plus élogieux, le Stade Toulousain et le Stade Rochelais possèdent chacun dans leurs rangs, deux monuments du microcosme de la balle ovale. Alors le Top 14 s'enflamma quand il a vu débarquer en plein milieu de l'été 2016 à La Rochelle, ce colosse d'1m92 pour 112kg qu'est Victor Vito. Rapidement, le troisième ligne centre ou aile mit tout le monde d'accord. Présent dans les phases de combat et puissant, il se signalait surtout pas une impressionnante dextérité balle en main pour un numéro 8. Kaino rejoindra l'Hexagone deux ans plus tard, en signant dans la Ville rose en 2018 donc. Preuve de son abnégation et immense professionnalisme, il occupera une place dans le staff toulousain l'an prochain, à l'issue de sa retraite sportive. Mais avant cela, il compte bien décrocher une coupe d'Europe avec son club. Car oui et ce n'est un secret pour personne, les deux All Blacks s'affronteront ce samedi à Twickenham en finale de la Coupe d'Europe, les deux numéro huit dans le dos. Sûrement l'un si ce n'est le duel le plus explosif de la partie. Alors attention messieurs-dames, ça va faire boum.
Jérôme Kaino, nouveau Shaun Edwards du Stade Toulousain ?
Kaino l'inépuisable, Vito le magicien
Kaino donc. Impossible de décrire en un mot la classe d'un tel joueur sur et dehors du terrain. D'ailleurs à ce propos, Bryan Habana ne tarissait pas d'éloges cette semaine sur le comportement exemplaire du Néo-zélandais pour l'EPCR : ''Peu de carrière pourront égaler sa carrière d'athlète professionnel. En raison de son humilité, mais aussi de sa faculté à ne jamais reculer, à ne jamais abandonner le moindre mètre sur le terrain, ses coéquipiers et ses adversaires le respectent vraiment. Il est tout simplement phénoménal. Quand vous voyez l’héritage qu’il va laisser… Mais ce que j’aime vraiment chez Jerome, c’est sa personnalité en dehors du terrain. C’est probablement l’un des êtres les plus humbles que je connais. C’est un père de famille incroyable, toujours prêt à ouvrir sa maison, à accueillir les gens''. De quoi vous dresser le personnage. Mais c'est surtout sur le terrain que le joueur impressionne. Infatigable il est devenu l'un des pièces maîtresses du système de jeu toulousain. Lors de l'absence de Julien Marchand en 2019, c'est notamment lui qui a hérité du capitanat pour emmener son équipe au titre. Plaqueur, gratteur mais aussi doté d'une puissance balle en main, Kaino comme tout All Black qui se respecte est doté d'une aisance certaine avec la gonfle. À vrai dire, il faudrait vraiment creuser ou se montrer pointilleux pour lui trouver des défauts.
Vito de son côté a peut-être une carrière un peu moins riche sous le maillot All Blacks que Kaino et ses 81 sélections. On a bien dit un peu. Car tout de même, 33 apparitions sous le maillot noir ce n'est pas rien. Lui aussi grand seigneur en dehors des près, il est devenu un incontournable du vestiaire rochelais. À l'instar de son compatriote, son acclimatation express en Charente-Maritime lui a permis d'être capitaine à plusieurs reprises. Ce qui reste le plus marquant chez Vito, au-delà de sa faculté d'avancer à chaque impact, reste comme dis précédemment, une technique individuelle à faire pâlir grand nombre de joueurs de la planète rugby. Rappelez-vous de ce crochet intérieur suivi de cette magnifique passe dans le dos d'un défenseur pour offrir à Grégory Aldritt un essai sur un plateau. C'était cette saison lors du quart de finale remporté face à Sale. Et que dire de cette prise de balle à une main en pleine course lors d'une rencontre de Coupe d'Europe face à l'Ulster en 2017. Bref vous l'aurez bien compris, Victor Vito est une sorte de magicien balle en main, un sorcier qui ensorcèle de bonheur à chaque sortie les supporters des ''Bagnards''. Et celui-ci essaiera de rééditer de telles performances dès ce samedi à Twickenham.
Défenseurs hors-pair
Difficile à l'heure de l'écriture de ces lignes de sortir un des joueurs du lot. Les deux s'illustrent différemment dans leur registre mais restent au sommet de leurs arts. Et leur importance au sein de l'équipe (10 journées titulaires sur 12 pour Kaino, 12 sur 13 pour Vito) ne sont plus à prouver. Si l'on se penche sur les stats de cette Coupe d'Europe, on voit que le Toulousain ne s'est pas ménagé dans les tâches défensives, en illustre ses 31 plaquages réussis sur les 34 tentés. De son côté, Vito fait encore preuve d'une impressionnante régularité. En 3 matchs, il a parcouru 117 mètres ballons en main, battus 3 défenseurs, réalisé 5 offload et surtout, réussi 38 plaquages pour 1 seul manqué. Juste phénoménal. Surtout, vu le temps annoncé ce samedi sur Londres (pluie et vent), le jeu au sol sera déterminant quant à l'issue du vainqueur. Et c'est là que Kaino et Vito interviendront, dans le but de ''pourrir'' les sorties de balle adverse. Ces deux-là retrouveront donc Twickenham, là où ils avaient été sacrés champions du monde en 2015 face à l'Australie. En tout cas, une chose est sûre, cette fois-ci un seul des deux sera champion. On a hâte d'y être et ce duel explosif promet de faire des étincelles.
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