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''C'est un produit commun et festif'' : la cocaïne, phénomène de société et fléau des vestiaires du Top 14 ?

Sur les sept tests positifs professionnels à la cocaine chez les sportifs cette année, cinq concernent des rugbymans. Faut-il s’en inquiéter ?

Theo Fondacci 13/12/2023 à 19h10
Oscar Jegou a été suspendu 4 semaines pour un rail de coke. Screenshot : Top 14
Oscar Jegou a été suspendu 4 semaines pour un rail de coke. Screenshot : Top 14

La double-page de L’Equipe va-t-elle mettre un grand coup de latte dans la fourmilière ? Le très bon dossier consacré par le célèbre quotidien à la cocaïne dans le rugby dresse pourtant un portrait très ressemblant à la réalité, alors que de nombreux entraîneurs du Top 14 témoignent de leur inquiétude vis à vis de ce fléau grandissant, dans le milieu de la balle ovale. Et d’autres microcosmes sportifs, très probablement. 

Car comme le souligne à juste titre Thomas Lombard, directeur général du Stade Français,"cette drogue, avant, elle était élitiste, c'était cher... Ce n'est plus le cas. Son utilisation touche toutes les strates de la société, ça choque dans le rugby parce que c'est médiatisé." En trois phrases, l’ancien consultant de chez Canal Plus a tout résumé…
La facilité d’accès de la "coco" est aujourd’hui évidente, tant de part son prix que par les nombreux "points de vente". "C'est un produit commun et festif," abonde Ugo Mola, pas concerné par cela au Stade Toulousain mais qui assure que le sujet est tout de même suivi de près notamment au niveau des jeunes du centre de formation. 

Idées reçues, démocratisation et tabou

 

Il faut dire que les gens du milieu le savent, ce produit illégal s’est aujourd’hui fait une place qui dépasse largement le cadre des soirées mondaines. Chez les joueurs, nombre de festivités ne se passent pas sans un peu de came. Comme le révèle Le Parisien, qui a également publié une enquête sur le sujet, "cette année, sur les sept tests positifs à cette drogue chez les sportifs, cinq concernent des rugbymans (à XIII ou à XV)".

Et si son utilisation semble n’être, vu de loin, heureusement pas généralisée dans les effectifs, une chose est sure : son utilisation est aussi bien fréquente en amateur que chez les professionnels. Tandis que l’une des lignes à ne pas franchir autrefois, celle de la discrétion, semble aujourd’hui ne plus avoir grande importance, puisque tous ceux ayant un certain sens de l’observation ou l’ouïe fine sont au courant de ce fléau, dans les vestiaires. 

Interrogé par L’Equipe, Sébastien Calvet, sélectionneur des U20, explique que certains en prendraient aussi dans un but sportif, par bêtise : "On est aussi dans de fausses représentations sur cette substance qui faciliterait la récupération." Or, celle-ci serait en réalité simplement un excitant, un stimulant, dont les retombées sont au moins aussi lourde que son effet, derrière. 

Aussi car ce produit ne reste que 2 à 3 jours dans le corps, tandis que les sanctions restent finalement assez peu dissuasives. Le cas Oscar Jegou, vice-capitaine des U20 champions du monde récemment contrôlé positif, à marqué les esprits. Reste qu'alors que beaucoup pensaient que le 3ème ligne de 20 ans prendrait cher pour servir d'exemple, il s'en tire simplement avec 4 semaines de suspension, ayant réussi à prouver qu'il n'en avait consommé qu'à usage festif. Une démocratisation qui n'en reste pas moins encore taboue. En espérant qu'elle devienne aussi bannie...

 

Jibic'h
Jibic'h
Il peut y avoir des arguments qui s'entendent en ce qui concerne la faible durée de sa sanction, même si j'aurais largement préféré que le devoir d'exemplarité soit pris en compte et qu'il en prenne un peu plus 'pour l'exemple'. En revanche, il sera marqué, pendant longtemps, comme celui qui a pris ce qu'il n'aurait pas du prendre: son club, s'il ne rajoute pas une sanction supplémentaire, risque de le laisser plus souvent sur le banc ou sur les gradins, un sélectionneur national y réfléchira à deux fois, il aura peut-être moins de clubs intéressés à la fin de son contrat ou alors des offres de contrats au rabais, en gros sa carrière en a pris un coup, quelque soit la durée de la sanction "officielle". C'est une sanction aurement plus forte dans un monde sportif ultra-compétitif, et il est trop tard pour qu'il puisse y changer quelque chose, en espérant juste que cela fasse réfléchir les autres quand ils verront que ces titus seront en berne sur le reste de la saison.
rororo4
rororo4
" Une des lignes à ne pas franchir ... " Il l'a fait exprès , le journaleux ?
LaKiks
LaKiks
Il faut quand même pas oublier qu'on parle de sport. Si qqn prend des produits interdits en compétition hors des compétitions, ça ne concerne plus les instances rugbystiques. Elles peuvent faire de la prévention autant que possible, mais je ne comprends pas en quoi les personnes ici demandent (ou parfois exigent) des sanctions beaucoup plus violentes à l'égard d'un Jegou par exemple. Tout le monde est libre de son corps et jusqu'à preuve du contraire, ce n'est pas un produit dopant mais un stimulant (raison pour laquelle il est interdit et sanctionné beaucoup plus durement durant les compétitions). Après attention je ne défend pas l'usage, c'est une sacré m\*rde qui bousille beaucoup de chose dans une vie (et pas que les naseaux et le compte en banque) mais si c'est un choix conscient ce n'est pas à la FFR de décider si oui ou non un joueur doit être puni mais à la société dans son ensemble, la FFR est là pour s'assurer de l'équité entre les joueurs pas pour se poser en gardien de la morale et de la vertue.
MARCFANXV
MARCFANXV
Que la prise de ce type de m--de se fasse dans un cadre "festif" ne devrait aucunement constituer un caractère amoindrissant de la peine sportive encourue. D'autant que le " à l'issue de mon plein gré" n'a ici aucune raison d'être invoqué compte-tenu de la forme de la prise. Des sportifs peuvent se trouver suspendus pour la prise de médicaments couramment utilisés par n'importe quel quidam. Parfois (pas toujours je sais), par manque de vigilance. Ce truc que tu t'envoies dans le pif, tu ne peux pas le choper par inadvertance en mangeant des lasagnes fussent-elles estampillées Spanghero... Le pblm spécifique à notre pratique, c'est que bien souvent, les mecs qui fournissent ces cochonneries sont les mms qui fournissent la "Prot-qui-rend-costaud". Les fournisseurs ne sont pas regardants tant que ça rapporte. Ca signifie qu'il y a deux portes d'entrée ! Qq-part, les choses sont corrélées...C'est parce qu'il y a bcp d'autres produits bel & bien dopants qui circulent sous le manteau qu'il y a statistiquement plus de cocaïne dans notre discipline que dans d'autres.
Jièl
Jièl
Je suis estomaqué par ce que peux lire et entendre au sujet de la cocaïne. Lors de mes études passées, j'ai rédigé un mémoire au sujet des diverses drogues et ce produit était alors, de l'avis de la totalité des médecins et de l'ensemble des observateurs spécialisés, considéré comme une véritable catastrophe. Je ne vais pas raconter ma vie ici, mais j'ai participé à des recrutements spécialisés lors desquels une simple présence de molécules de cannabis suffisait à anéantir une carrière. Et là, on parle de mille fois pire, même si le produit est différent ! De quoi parle-t-on bon sang ! Renseignez-vous, la cocaïne n'est pas un produit récréatif ! Ses effets sont dévastateurs, à court terme comme sur la durée, et pas que biologiquement. Autrefois drogue de luxe, c'est désormais bien plus abordable. Les producteurs et dealers ont tout compris, vendons moins cher pour vendre plus. C'est loin d'être con. On nous explique maintenant qu'un rail de coke n'est pas bien plus méchant que boire un kir, dans le fond, et que c'est pas bien dans les deux cas. Sérieusement ??? Bref, pardonnez-moi ce billet d'humeur, j'ai côtoyé pas mal de cas pas marrants et j'aimerais que leur nombre ne fasse que baisser. Autant pour le sport que pour la paix des uns et des autres. Bien amicalement mais il faut aussi appeler un chat un chat ! (Rien à voir avec notre ami Camille, of course...)
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