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Bernard Lapasset veut révolutionner les conditions d'éligibilité en équipe nationale : la fin des étrangers ?

Le président de World Rugby souhaite révolutionner le système permettant aux équipes nationales de sélectionner des étrangers. Qu'en pensez-vous ?

Clément Suman 23/02/2015 à 14h45
Bernard Lapasset ne veut plus d'étrangers en équipe nationale.
Bernard Lapasset ne veut plus d'étrangers en équipe nationale.
Internationaux français depuis cet automne et un match face aux Fidji, Scott Spedding, Uini Atonio et Rory Kockott seront-ils les derniers étrangers à porter le maillot de l'équipe de France de rugby ? C'est le souhait de Bernard Lapasset, le président de World Rugby (ex-IRB) pour l'après-Coupe du monde. Pour ceux qui l'ignorent, rappelons qu'un joueur est éligible en équipe nationale après avoir vécu trois ans dans le pays correspondant, selon la règle de la résidence. C'est le cas du Sud-Africain Rory Kockott, débarqué à Castres en 2011, qui pouvait donc prétendre aux Bleus en 2014. Problème, le XV de France n'est pas la seule nation à profiter de cette règle, loin de là. De l'Angleterre au Japon, en passant par l'Italie ou la Nouvelle-Zélande, nombreuses sont les équipes à profiter du système. Or, selon le Midi Olympique, Bernard Lapasset souhaite révolutionner ce dernier « en aménageant la règle d’éligibilité des joueurs. »

Concrètement, que va-t-il se passer ? Un groupe de travail va être formé pour définir la réflexion de Lapasset, qui quittera ses fonctions fin 2015 pour se concentrer sur la candidature française aux JO de 2024. La proposition de loi sera ensuite présentée au comité exécutif de World Rugby, puis soumise à un vote des vingt-huit membres du conseil. Or, ces derniers ne sont pas forcément convaincus par cette proposition. Pour le Midol, Lapasset explique sa position :

Où va-t-on s'arrêter ? Que devient l'identité d'une équipe nationale ou celle d'un maillot ? […] Jadis, on quittait un pays parce qu'on n'y avait pas d'avenir. C'était vital. La partie financière n'était pas le facteur primordial de l'exil. Il fallait survivre. On choisit aujourd'hui son pays d'adoption en fonction de l'argent qu'il procure. Il faut donc fixer une règle. [...] Je ne condamne pas. Mais tout cela conduit inexorablement à l'uniformisation du jeu.

Pour l'instant, cet aménagement de la règle reste vague. Le cas de Scott Spedding, qui a son passeport français, est différent de celui de Kockott ou de celui d'un Sean Maitland, sélectionné avec l’Écosse grâce au sang de ses grands-parents.

Une perte pour le XV de France, vraiment ?

Six, c'est le nombre de joueurs étrangers utilisés chez les Bleus sous l'ère PSA. Le Fidjien Noa Nakaitaci pourrait être le septième dès samedi prochain face au Pays de Galles. Pour quelle réussite ? À la base, la sélection de ces joueurs devait apporter un véritable plus au XV de France, un étranger n'étant sélectionné qu'en cas de plus-value. Or, si Scott Spedding nous a tous ému avec ses larmes lorsqu'il a appris sa sélection, il n'a pas fait oublier Brice Dulin, loin de là. Rien ne dit que sans sa blessure, Rory Kockott n'aurait pas été éjecté du groupe France après deux prestations ternes dans le Tournoi, alors que la France compte Parra, Tillous-Borde ou Machenaud en réserve. Qui se souvient encore de Daniel Kotze ? Antonie Claassen a lui aussi disparu des radars... pour un autre Sud-Africain, Bernard Le Roux. Lequel est sûrement le seul de ces néo-tricolores à avoir démontré régulièrement des choses sur le pré si on met de côté les entrées en jeu d'Uini Atonio.

Lorsqu'il avait été question de sélectionner des étrangers, Saint-André rappelait à tous les cas de Benazzi, De Villiers ou Marsh, que personne ne saurait contester aujourd'hui. L'arrivée de Spedding et compagnie devait également apporter plus de puissance dans le jeu des Bleus pour rivaliser avec les meilleures nations mondiales. Or, à six mois de la Coupe du monde, la France n'impressionne personne. Et les étrangers « nouvelle génération » n'ont pour l'instant ni la réussite, ni l'aura de leurs aînés.

FrenchViking
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Les Samoas ne bénéficent pas de la règle des aïeux? 17 joueurs de l'équipe actuelle des Samoas sont nés en Nouvelle Zelande (et ça ne prend que ceux donc j'ai trouvé l'info sur Wikipedia). Je pense que les 17 joueurs, on aussi pris leur première licence en Nouvelle-Zélande. Du coup ça va pas laisser grand monde. La règle actuelle laisse le choix aux joueurs. Soient ils choisissent leur pays d'origines, soient leur pays de résidence. La règle actuelle n'empêchait pas Atonio de jouer pour les Samoas. Il a choisit de jouer pour la France. C'est la même chose avec Kockott. Ensuite je ne vois pas très bien, Harry, où tu me vois édicter une nouvelle règle. Dusautoir, Guitoune, Nyanga ont des passeports français. Ils peuvent donc jouer pour la France. Ils auraient surement pu aussi choisir une autre nationalité (ça dépend des pays et des lois, je ne suis pas sure) et jouer pour ce pays là. C'est par exemple le cas des frères Lund dont un est Norvégien et l'autre Anglais. C'est bizarre mais c'est possible. Je vais repreciser ma pensée. Pour moi la règle des 3 ans de résidences (qui est celle qui fait tant plaisir à la France en ce moment), elle a été créé pour les petits pays (comme le Japon et l'Espagne). Et je trouverais dommage qu'elles soient supprimées parce que la France en abuse. Au final ça pénaliserait plus les petits pays que la France.
FrenchViking
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Non mais Harry je crois qu'on est presque d'accord en fait. Ta règle éviterait effectivement les abus des grosses nations. Mais j'y vois beaucoup de défauts aussi. Je le répète mais au départ cette règle des 3 ans de résidences, elle existe pour les petits pays qui en rugby sont bien plus nombreux que les grands. Par exemple, le Japon bénéficie de cette règle et ils sont 11eme au ranking. Il me semble que l'Espagne, Hong Kong, la Pologne, la Suisse (en tous les cas en féminine) en profitent aussi. Ils sont tous au-dessus du rang 50. Et dans la plupart des cas, la première raison d'expatriation n'est pas le rugby (les joueurs ne sont pas pros). C'est la même chose avec la règle des grands parents. Les equipes qui en bénéficient sont l'Ecosse, le Pays de Galles, les Samoa, les Fiji et les Tongas. Est-ce-qu'il faut pénaliser ces équipes? Si on continue comme ça on va se retrouver avec très peu de pays compétitifs et une Coupe du Monde encore plus chiante que maintenant. Dans ton exemple du Géorgien qui signerait sa première licence en France avant ses 16ans. C'est la petite nation que tu pénalises. Imagine (et je pense que ça arrive), qu'il soit né en Géorgie et est déménagé en France à un jeune âge à cause de ses parents (pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le rugby). Il a 12 ans, il découvre le rugby et il devient fort. Comme il a été formé en France, il ne peut plus jouer pour la Géorgie alors que c'est son pays et qu'il veut le représenter? Au lieu de ça il doit jouer pour la France obligatoirement? Et encore une fois aujourd'hui, aucune "petite nation" a été pillé par la France. Speeding et Kockott ils sont sudafs, on peut pas vraiment parler de pillage. A la limite Benazzi et Debaty peuvent être considérer comme du pillage. Mais bon pour Debaty comme pour Benazzi je pense qu'ils n'auraient jamais joué pour leur pays d'origine. Par exemple le norvégien Erik Lund n'a jamais mis les pieds en équipe nationale parce que le calendrier international des équipes de secondes zones n'est pas du tout en ligne avec celui d'un professionnel. Alors pillage ou pas? Le rugby est un des derniers sports-co a encore avoir des divisions de niveau dans les équipes nationales. Ca évite les grosses raclées, mais ça limite aussi la progression de ce sport dans les pays qui n'ont pas de "traditions". Les règles de sélection (et le hand est dans le même cas) est un problème de croissance. Les petits pays ont besoin de règles plus faciles pour pouvoir progresser mais les gros (ou riches) pays ne devraient pas en profiter non plus. Dans le cas de la France, le réservoir potentiel de joueurs est normalement assez gros pour ne pas avoir besoin de Kockott en demi de mêlée. Et c'est triste qu'on en arrive là. Mais encore une fois, changer la règle pour limiter les abus c'est prendre le gros risque de pénaliser toutes les petites nations. Et je suis pas sure que le rugby soit assez universel pour pouvoir se le permettre.
Chicobay
Chicobay
Lapasset me fait penser à ces joueurs de foot qui ne forcent pas trop et qui à 6 mois de leur fin de contrat se mettent à courir dans tous les sens pour se faire recruter ailleurs.
Nauor
Nauor
@Harry Ce qui me gène vraiment dans ta règle, c'est le fait d'imposé au joueur sa sélection par son lieux de formation. Mais certain vont justement dans les pays dit de rugby pour avoir accès a un centre de formation car leur pays n'a pas forcément les moyens. Avec cette règle tu risque plus de tuer les petites nations que de gêner les grosse nations. Même a mon avis cela les inciterai encore plus à allez chercher des pépites dans d'autre pays pour les formé et les rendre éligible a leur pays.
FrenchViking
FrenchViking
Harry, donc dans ton cas. Un géorgien qui commence le rugby en France à 16ans ne peut pas jouer pour la Géorgie? Même si le mec joue en Fédérale 2 et a aucune chance de jouer pour la France? Et encore une fois, on fait quoi des expatriés qui jouent dans des pays très très loin dans la hiérarchie mondiale. Par exemple, je suis française, mais j'habite dans un pays étranger (peu réputé pour son rugby). J'aime bien mon nouveau pays, mais pas au point de prendre la nationalité. Je joue au rugby mais très mal (en tous les cas en France) depuis mon enfance. Je commence à jouer dans mon nouveau pays et au bout de 3 ans on me dit que je peux faire partie de la sélection nationale si je veux. Et surtout on me dit: ça serait bien comme ça on pourrait refaire une équipe de 15 féminine dans ce pays. Eh ben ma réponse sera surement oui. Je n'aurais jamais aucune chance de jouer pour la France, et j'aime bien mon nouveau pays d'adoption que je n'ai pas choisi à cause du rugby. Alors pourquoi pas? Il y a pleins pleins pleins de pays très bas dans la hiérarchie mondiale qui sont dans ce cas. Et franchement ça permet de développer le sport quand il est quasiment absent. Je le redis, mais le rugbynistère et son ministère des affaires étrangères est pleins d'exemples de ce type là. Il suffit d'aller cliquer sur le lien pour lire les histoires sur le comptable en Slovaquie, ou sur les 2 frères qui jouent pour le Laos. Là on parle pas du rugby des pros où on dépasse de l'argent pour les former ou pas d'ailleurs. Non on parle d'amateurs qui par les hasards de la vie se retrouve à pouvoir représenter un autre pays que la France. Cette règle existe (et c'est la même chose en hand) pour permettre à des pays sans tradition de pouvoir lancer et maintenir une équipe nationale. Et pour un sport comme le rugby qui veut devenir universel (et qui est olympique), ça me semble absurde de la supprimer parce que 4 nations de haut rangs ne respectent pas l'esprit de la règle.
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