Concrètement, que va-t-il se passer ? Un groupe de travail va être formé pour définir la réflexion de Lapasset, qui quittera ses fonctions fin 2015 pour se concentrer sur la candidature française aux JO de 2024. La proposition de loi sera ensuite présentée au comité exécutif de World Rugby, puis soumise à un vote des vingt-huit membres du conseil. Or, ces derniers ne sont pas forcément convaincus par cette proposition. Pour le Midol, Lapasset explique sa position :
Où va-t-on s'arrêter ? Que devient l'identité d'une équipe nationale ou celle d'un maillot ? […] Jadis, on quittait un pays parce qu'on n'y avait pas d'avenir. C'était vital. La partie financière n'était pas le facteur primordial de l'exil. Il fallait survivre. On choisit aujourd'hui son pays d'adoption en fonction de l'argent qu'il procure. Il faut donc fixer une règle. [...] Je ne condamne pas. Mais tout cela conduit inexorablement à l'uniformisation du jeu.
Pour l'instant, cet aménagement de la règle reste vague. Le cas de Scott Spedding, qui a son passeport français, est différent de celui de Kockott ou de celui d'un Sean Maitland, sélectionné avec l’Écosse grâce au sang de ses grands-parents.
Une perte pour le XV de France, vraiment ?
Six, c'est le nombre de joueurs étrangers utilisés chez les Bleus sous l'ère PSA. Le Fidjien Noa Nakaitaci pourrait être le septième dès samedi prochain face au Pays de Galles. Pour quelle réussite ? À la base, la sélection de ces joueurs devait apporter un véritable plus au XV de France, un étranger n'étant sélectionné qu'en cas de plus-value. Or, si Scott Spedding nous a tous ému avec ses larmes lorsqu'il a appris sa sélection, il n'a pas fait oublier Brice Dulin, loin de là. Rien ne dit que sans sa blessure, Rory Kockott n'aurait pas été éjecté du groupe France après deux prestations ternes dans le Tournoi, alors que la France compte Parra, Tillous-Borde ou Machenaud en réserve. Qui se souvient encore de Daniel Kotze ? Antonie Claassen a lui aussi disparu des radars... pour un autre Sud-Africain, Bernard Le Roux. Lequel est sûrement le seul de ces néo-tricolores à avoir démontré régulièrement des choses sur le pré si on met de côté les entrées en jeu d'Uini Atonio.
Lorsqu'il avait été question de sélectionner des étrangers, Saint-André rappelait à tous les cas de Benazzi, De Villiers ou Marsh, que personne ne saurait contester aujourd'hui. L'arrivée de Spedding et compagnie devait également apporter plus de puissance dans le jeu des Bleus pour rivaliser avec les meilleures nations mondiales. Or, à six mois de la Coupe du monde, la France n'impressionne personne. Et les étrangers « nouvelle génération » n'ont pour l'instant ni la réussite, ni l'aura de leurs aînés.