Faites le test, chez vous. Allez sur Youtube, tapez le nom de Benji Marshall et cliquez sur la première vidéo, puis la deuxième… Vous voilà partis pour un long moment devant votre écran. La légende dit que même les vieux de la vieille attachés aux mêlées à l’ancienne fantasment sur le coup de rein de Bagz, né il y a 35 ans en Nouvelle-Zélande. Cadrage débordement, chistéra, passe à l’aveugle, jeu au pied. La panoplie magique de Marshall ferait passer Merlin pour un élève de Poufsouffle.
Mais s’il est si fort, comment a-t-il pu échapper au maillot des All Blacks ? Tout simplement parce que c’est à XIII que le gamin de Whakatane s’est révélé aux yeux du monde entier. On parlait de fantasme ? Ceux entourant l’éventuelle venue du magicien chez les quinzistes a entouré toute sa carrière.
Direction l’Australie à 16 ans
Au pays du long nuage blanc, difficile d’échapper au ballon ovale. C’est à XV, et au Touch que le petit Benji apprend le métier. Très vite remarqué, c’est pourtant chez le voisin australien qu’il est appelé vers le haut niveau. Bourse à seize piges, lycée dans le Queensland, et sélection avec les Schoolboys (l’équipe nationale australienne chez les scolaires) : son passage de la Rugby Union à la Rugby League est une énorme réussite. En 2003, il débute en NRL chez les Wests Tigers. Deux ans plus tard, c’est le titre de champion… On l’a dit : le reste est sur YouTube.
Mais ne lancez pas les vidéos pendant votre pause déjeuner, vous risqueriez de ne rien faire de l’après-midi.
Le blues plutôt que le maillot noir
Au niveau international, Marshall porte finalement allégeance aux Kiwis, l’équivalent des All Blacks. Des Blacks qui dragueraient un talent reconnu de tous, devenu star de sa discipline, élu joueur de l’année en 2010, vainqueur du Four Nations la même année. La Coupe du monde ? Lui l’a déjà gagnée. Et après le sacre des quinzistes en 2011, on imagine bien le génie changer de code pour aller chercher une nouvelle médaille. En 2014, c’est officiel : Benji Marshall franchit le rubicon, et rejoint les Blues d’Auckland.
Sur le papier, la nouvelle est énorme, et secoue le monde ovale. Sauf que le timing pose question. Le Néo-Z sort d’une saison complètement ratée chez les Tigers. Déchu du capitanat en sélection, plus titulaire au sein d’une équipe larguée au classement : Marshall n’approche pas si sereinement que ça de la trentaine. S’il passe à XV, c’est aussi parce que son club ne souhaite plus prolonger son contrat...
Jouer pour Auckland reste son choix, mais ce dernier n’est peut-être pas le bon : la franchise galère à retrouver son standing, et termine d’ailleurs dernière de la conférence, 10e du classement général. Quid de ses performances ? John Kirwan souhaite l’utiliser à l’ouverture ou à l’arrière, mais c’est au poste de n°15 qu’il s’exprime. Remplaçant pour sa première face aux Highlanders, il est titularisé pour la première fois contre les Lions. Avec un essai, 130 mètres parcourus, deux franchissements, trois offloads et deux passes décisives, la masterclass n’est pas loin. Mais rien n’empêche la défaite de l’équipe.
La suite est décevante, et son contrat est rompu dès le mois d’avril. Marshall l’avouera : trop âgé, il ne s’adapte pas, et ne souhaite pas passer par un niveau inférieur, plus local. C’est un flop, à la hauteur des attentes. Bilan ? Seulement six apparitions pour une titularisation. A des années-lumières de Beauden Barrett, parti pour porter le n°15 durant le prochain Mondial. Récemment, Marshall disait pourtant via Rugbypass que cette expérience fut l’une des plus belles de sa carrière. “Ça m’a sorti de ma zone de confort, je devais me réveiller, même si ça n’a pas marché comme je voulais.”
Retourné auprès de son premier amour, Marshall joue toujours en NRL, chez les Tigers.
Rebelote pour Kalyn Ponga ?
Pépite du Queensland et des Newcastle Knights, Kalyn Ponga fait lui aussi fantasmer les quinzistes. Lui aussi a été repéré très jeune, et lui aussi possède déjà de sacrés highlights, à seulement 22 ans… Sélectionnable avec les Blacks par son père, Ponga est annoncé depuis un long moment à XV.
Sauf que comme Marshall, le Knight reste accroché au XIII, signant récemment une prolongation de contrat jusqu’en 2022. On parie que son nom reviendra avec insistance d’ici au prochain Mondial ? En attendant, il se pourrait qu’il affronte ses futurs coéquipiers dans quelques mois...