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Associer Matthieu Jalibert avec Romain Ntamack en n°12 : l'idylle de la tentation

Très prometteuse sur le papier, l'association des deux gros talents tricolores donne envie. Mais est-elle viable sportivement ?

Clément Suman 17/03/2021 à 15h00
Associer Matthieu Jalibert avec Romain Ntamack en n°12 : l'idylle de la tentation.
Associer Matthieu Jalibert avec Romain Ntamack en n°12 : l'idylle de la tentation.

Je n’ai pas envie de prouver que je suis meilleur que Ntamack ou Carbonel. J’ai juste envie de montrer que je suis capable d’être bon dans un collectif.” Les mots sont signés Matthieu Jalibert, lâchés dans les colonnes du Midi Olympique juste avant le début du Tournoi des 6 Nations. Une citation pas vraiment anodine, à replacer dans son contexte. Depuis le début de sa carrière, le Bordelais est sans cesse comparé, mis en concurrence avec deux autres ouvreurs de sa génération. Deux champions du monde U20, qui évoluent dans deux des clubs les plus populaires de l’Hexagone : le Stade Toulousain pour Romain Ntamack, le RC Toulon pour Louis Carbonel.

Voilà pour le contexte, donc. Et dans un sport collectif où les talents individuels sont sans cesse mis en avant par des médias prompts à doper les égos, il faut voir dans cette décla’ un certain ras-le-bol, plus qu’une volonté manifeste de se mettre en avant. Reste les faits. Le sportif.

Threesome, duo ou plaisir solo

Car à la fin, seul le terrain parle, et doit permettre au staff de trancher entre trois joueurs dont le talent leur aurait sans doute permis de s’installer chacun leur tour chez les Bleus, ces dix dernières années. C’est toute l’ironie de la situation. Depuis l’ère Marc Lièvremont, la France tâtonne à l’ouverture (Trinh-Duc, Doussain, Michalak, Lopez, Talès, Plisson voire Parra lors du Mondial 2011) sans qu’un candidat réussisse à saisir les opportunités données, pour mettre tout le monde d’accord. Et voilà que les Dieux du rugby offrent trois pépites nées à sept mois d’intervalle (novembre 1998 pour Jalibert, février et mai 1999 pour Carbonel et Ntamack) !

XV de France - Trois pépites pour une place : qui sera l'ouvreur des Bleus en 2023 ?XV de France - Trois pépites pour une place : qui sera l'ouvreur des Bleus en 2023 ?Si Jalibert débute le plus tôt en équipe nationale (France - Irlande 2018, sous Jacques Brunel), vous connaissez la suite. Le Bordelais enchaîne les blessures, le phénomène Ntamack prend de l’ampleur, et c’est bien le Toulousain qui mène la France lors du dernier Mondial, comme au début du mandat de Fabien Galthié. D’un ménage à trois dont est rapidement écarté Carbonel (3 caps mais 0 titularisation), on passe donc à un duo. Sauf qu’à la fin, il ne peut en rester qu’un.

Un temps, la titularisation de Jalibert en n°15 est évoquée. Mais c’est bien Ntamack qui se détache en solo, laissant son concurrent sur le banc, dans un rôle de joker de luxe.

Leur association est-elle une solution crédible ?

On en vient au cœur du sujet. Et si leur association permettait aux Bleus de passer un cap ? Un événement est venu chambouler les plans du sélectionneur. Nous sommes à la fin du mois de décembre, et Romain Ntamack se fracture la mâchoire… contre l’UBB. Le couperet tombe : ce dernier est forfait pour (au moins) la moitié du 6 Nations. Déjà titulaire lors de la finale de l’Autumn Nations Cup, Matthieu Jalibert hérite donc du n°10. Et s’en sort plutôt très bien. 

Coupable de quelques largesses collectives en défense face à l’Italie, il se reprend en Irlande où les Bleus n’avaient plus gagné dans le Tournoi depuis 2011. Et signe un de ses meilleurs matchs internationaux sur la pelouse de Twickenham ce samedi, malgré la défaite.

6 Nations 2021. Jalibert, Baille et Fickou plébiscités dans l'équipe type de la 4e journée6 Nations 2021. Jalibert, Baille et Fickou plébiscités dans l'équipe type de la 4e journéeCe n’est un secret pour personne : un demi d’ouverture est bon quand il enchaîne, ce qui n’avait jamais été le cas de Jalibert en bleu. Le staff le sait, laissant un Ntamack de retour de blessure… sur le banc, et pendant 80 minutes. A terme, la hiérarchie peut encore évoluer, jusqu’à ce Mondial 2023 déjà considéré comme un baromètre de réussite pour l’ère Laporte / Galthié. 

Si Jalibert a les clés du camion, rien n’empêcherait Ntamack de s’installer sur le siège passager. Aligner deux numéros 10 dans le XV de départ ? La tactique n’est pas originale, mais elle est efficace. Les All Blacks l’ont expérimenté avec Mo’unga et Barrett (en 15, tiens, tiens !) mais l’Angleterre a failli soulever la Coupe du monde en associant George Ford et Owen Farrell au centre. La tactique est simple : s’offrir (au minimum) deux joueurs capables de jouer au pied, une arme indispensable dans le rugby moderne. Deux joueurs capables d’alterner, ou de prendre le jeu à leur compte, et de mettre sur orbite un n°13 au profil offensif (Tuilagi ou Slade, Goodhue, Vakatawa dans le cas tricolore…).

Plus proche de nous, l’équipe de France U20 a été sacrée championne du monde en associant deux ouvreurs sur la feuille de match. Pas de place pour le hasard, on parle bien sûr de Romain Ntamack, associé avec Louis Carbonel. De là à imaginer RNT en n°12 chez les Bleus, avec Matthieu Jalibert... Si l'intérêt collectif doit primer sur l'égo flatté de porter le n°10 cher à B2O, nul doute que le Toulousain saura s'adapter à sa nouvelle situation, son nouveau statut, et son nouveau poste.

L’équation Gaël Fickou

A ne pas vouloir trancher entre les deux, le staff s’expose à un choix peut-être encore plus cornélien. Qui sacrifier au centre, pour faire de la place à Ntamack ? Gaël Fickou est le patron de la ligne. Virimi Vakatawa est le meilleur joueur de l’équipe. Et laisser Arthur Vincent de côté semble déjà bien dommage… Mais le passé récent offre une alternative crédible, celle de titulariser Gaël Fickou sur l’aile.

Une option aberrante lors du mandat de Jacques Brunel, mais crédible avec Galthié avec le rayonnement de Vakatawa et l’explosion de Vincent. Taulier sur le terrain, bon en défense, rassurant sous les ballons hauts (comme face à l’Irlande cet automne, où lors du succès à Cardiff l’an passé)... En l’absence de Gabin Villière, Fickou pourrait même jouer à l’aile dès ce week-end pour contrer la sensation Louis Rees-Zammitt, à un poste où ni Damian Penaud ni Teddy Thomas n’apporte 100% de garanties. En 2020, le passage de Fickou à l'aile ne lui avait pas fait perdre son statut de capitaine de la défense.

Si le pari est relevé, l’identité du joueur associé à Vakatawa reste inconnue. Vincent pour la sécurité, ou Ntamack pour le futur ? Début de réponse ce jeudi.

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SCALP
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Je crois qu'on est nombreux à vouloir voir tenter l'expérience, de voir ces deux joueurs associés en 10-12. Fickou à l'aile est une solution...
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Trouver des solutions pour permettre à Carbonel de finir d'éclore, lui signifier qu'il compte, est clairement dans l'intérêt de l'EDF, on n'est pas à l'abri d'une blessure longue durée d'un de nos deux 10, et ce serait dommage de ne pas développer sur le plan international, ce talent qui a déjà passé pas mal d'étapes... Une association 10-12 pourrait à certains moments laisser de la place à Carbonel, c'est compliqué certes, il y a des arguments pour juger que l'on doit laisser un maximum d'expérience aux titulaires, mais ce n'est pas la pire chose que d'avoir des problèmes de riches...
SCALP
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Effectivement, c'était dans les tuyaux, merci les gars du Rugbynistère 😉
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