Avalanche de blessés avant les phases finales du Top 14 : qui pourrait manquer à l'appel ?N’est-ce qu’une impression, ou les blessures se multiplient chez les équipes françaises ces dernières semaines ? Pêle-mêle, on pourrait en effet citer Camille Lopez, Camille Chat, Sofiane Guitoune, Antoine Hastoy ou Félix Lambey, tous touchés plutôt gravement lors des 20 derniers jours. Ici, on n’évoque pourtant pas Bernard Le Roux ni Virimi Vakatawa, tous deux privés de compétition à cause de blessures récentes finalement pas si bien cicatrisées que ça. Alors existe-t-il un lien avec un paramètre extérieur primaire, qu’il soit l’accumulation de la fatigue ou la faute à pas de chance ? Voici quelques éléments de réponse ci-dessous, établis à partir d'une liste certainement non-exhaustive des joueurs touchés ces derniers temps :
- Camille Lopez : 22 matchs dont 4 de CE, 20 titularisations, 1542 minutes de jeu - blessure articulaire/choc (disjonction acromio-claviculaire)
- Eben Etzebeth : 14 matchs, 870 minutes - blessure osseuse (fracture d’un doigt à l'entraînement)
- Jules Plisson : 17 matchs, 10 titularisations, 803 minutes - Blessure musculaire (déchirure de la cuisse à l’échauffement)
- Romain Barthélémy : Une dizaine de matchs - articulaire (Luxation de l’épaule)
- Marco Tauleigne : 12 matchs, 6 titularisations - articulaire (syndesmose)
- Fabien Sanconnie : 12 matchs, 676 minutes - articulaire/fatigue ? (ligaments croisés)
- Bernard Le Roux : 17 matchs dont 6 en Bleu, 1100 minutes - musculaire (nouvelle blessure à la cuisse)
- Dominic Bird : choc (cervicales)
- Félix Lambey : 16 matchs, 785 minutes - articulaire (genou pris en étau)
- Antoine Hastoy : 20 matchs, 18 titus', 1431 minutes - articulaire/choc (disjonction de l’acromio)
- Sofiane Guitoune : 20 matchs, 1238 minutes - articulaire/fatigue ? (ligaments croisés)
- Thomas Ramos : 16 matchs, 11 titus', 950 minutes - musculaire (déchirure au mollet)
- Camille Chat : 12 titus' sur 20 matchs dont 6 en EDF - blessure osseuse/fatigue ? (fracture du péroné)
- Virimi Vakatawa : 17 matchs dont 5 en Bleu, plus de 1100 minutes - articulaire (nouvelle blessure au genou)
- Maxime Médard : Choc (cervicales)
Conclusions
Cette liste permet donc de se rendre compte de deux choses : la première, c’est que contrairement à la légende disant que l’accumulation des matchs à laquelle sont souvent soumis les joueurs de l’Hexagone favoriserait les blessures, il n'y a ici rien de clair et évident pour l'instant. L'on s’aperçoit que l’essentiel de celles-ci sont articulaires et donc souvent liées à un choc ou une torsion, et non pas à des tissus qui cèdent. Dans le même sens, les lésions musculaires ici recensées avec les cas Ramos et Plisson ne confortent pas la théorie du temps de jeu trop important, puisque ni le Toulousain (950 minutes) ni le Rochelais (803 minutes) ne font partie des joueurs « très utilisés » à proprement dit.
Néanmoins, ces résultats peuvent aussi être pondérés par les blessures de Sofiane Guitoune et Camille Chat, deux garçons très sollicités depuis le début de la saison. Le centre toulousain s’est en effet donné une rupture des ligaments croisés sur un mauvais appui très tôt lors du dernier match face au MHR, quand le talonneur international est sorti blessé dès la 1ère minute face à l’UBB dimanche dernier. Des blessures qui peuvent-être de « la faute à pas de chance », mais qui sont aussi régulièrement considérées comme des manifestations de fatigue… Ce qui pourrait également être lié - de près ou de loin - à la période de 6 mois sans jouer l’an dernier à cause de la Covid, qui était alors l’une des principales inquiétudes des spécialistes.
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— Sofiane Guitoune (@SoGuitoune) April 1, 2021
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Néanmoins, plutôt que de trouver une explication chiffrée à ce nombre de blessures croissant lors de l’approche des fins de saisons, Laurent Travers a donné un argument très intéressant, auquel nous nous rattacherions volontiers. Après le huitième de finale face à Édimbourg il y a 10 jours, il déclarait : « Ce sont des matchs à haute intensité. Quand on voit le rythme qu'il y a eu en première période... L'intensité dans le match montre que derrière, ça ne pardonne pas. » (Chavancy, Le Roux, Vakatawa et Bird sont sortis blessés) Autrement dit, le manager du Racing 92 a clairement laissé sous-entendre que le pic de blessures survenant une fois le printemps venu était surtout dû à l’intensité des rencontres disputées, et donc à la violence des chocs reçus. C’est vrai, qui dit début du mois d’avril dit fin de 6 Nations et enchaînement par les phases finales de coupe d’Europe, mais aussi sprint final en Top 14. Autant de facteurs accroissant potentiellement le risque de lésions, sans outil mesurable néanmoins.
#InfirmerieASM ⚠️ Environ un mois d’arrêt pour Camille Lopez ⚠️
— ASM Rugby (@ASMOfficiel) April 12, 2021
- Disjonction acromio-claviculaire de stade 2 de l'épaule gauche
Bon rétablissement @Lopezcamille64 💪
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Enfin, notez que cette multiplication de blessures observées en cette dernière partie de saison 2020/2021 n’est pas un évènement en soi, puisque l’on comptait par exemple 3,5 absences « longue durée » par club en moyenne début juin 2019, alors que 8 ruptures des ligaments croisés avaient été enregistrées en France entre avril et juin 2018… Aussi, l’observatoire chargé de suivre les « événements médicaux » du Top 14 de 2012-2013 et jusqu’en 2014-2015, avait recensé plus de 2 000 sorties de terrain ayant été engendrées par des chocs et une augmentation du nombre de blessures à auteur de 40% sur la période. Rien que ça ! Un phénomène qui ne date donc plus d'hier et auquel il convient, malheureusement, de s'accoutumer...
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