Dans cette composition d’équipe du XV de France face à la Nouvelle-Zélande, plusieurs choses interpellent. La présence en numéro 12 de Pierre-Louis Barassi, plus à son aise en 13, ou encore celle de Mathias Halagahu en 5, lui qui n’a poussé qu’une seule fois à droite de la mêlée toulonnaise lors des 41 titularisations de sa jeune carrière.
Des choix dictés semble-t-il par le groupe embarqué par le staff des Bleus en Nouvelle-Zélande, le besoin de tester certains joueurs et d’en faire reposer d’autres. Mais des situations qui mettent aussi en évidence le manque de vivier tricolore à certains postes bien précis. Notamment en numéro 8, ou Esteban Abadie sera aligné ce samedi à Wellington, pour la première fois de sa carrière.
En France, les postes de numéro 8 sont beaucoup occupés par des étrangers non-sélectionnables. On essaie donc de trouver des solutions à ça. - Fabien Galthié en conférence de presse pour le Midi Olympique.
Après le 2ème ligne Mickaël Guillard la semaine passée à Dunedin (qui avait d’ailleurs passé l’épreuve avec brio), voici donc le Toulonnais Abadie, 10 cm et 20 kg de moins affichés, qui tiendra l’arrière de la mêlée. "Il est moins lourd et puissant. C’est néanmoins un régulateur de troisième ligne", appuie Galthié.
Et si on ne doute pas de la capacité de l’ancien briviste à trier les ballons derrière sa mêlée ni de son abattage en touche comme dans la multiplication des efforts, cela met néanmoins en exergue le manque de réservoir français à ce poste si spécifique.
"En France, les postes de numéro 8 sont beaucoup occupés par des étrangers non-sélectionnables", admet Fabien Galthié en conférence de presse au Midi Olympique. Chose qui se vérifie d’ailleurs en ProD2 également. "On essaie donc de trouver des solutions à ça et de développer des potentiels à ce poste-là.(...) On avait l’idée de Marko Gazzotti pour cette tournée, mais il est forfait (…). Je ne sais pas si vous avez vu, mais il n’y a quasiment pas de n°8 en France, à part Greg Alldritt."
11 clubs sur 14 auront un 8 titulaire étranger la saison prochaine
Un poste généralement réservé aux joueurs surpuissants, qui se trouvent davantage dans l’hémisphère sud, reconnaissons-le. Ainsi, sur les 14 clubs que compte l’élite française, 3 seulement (Toulouse, Paris et La Rochelle) ont aligné le plus régulièrement un numéro 8 français cette saison.
Ailleurs, les Abraham Papali’i (CO), Arno Botha (LOU), Facundo Isa (RCT), Beka Gorgadze (Pau), Billy Vunipola (MHR) ou Oviedo et Fa’aso’o (USAP) étaient généralement chargés de faire avancer leur équipe. Quand le frontal Marko Gazzotti (1m92 pour 110kg) a bien été titularisé 8 fois sur 19 à ce poste avec l’UBB cette saison, sans toutefois déloger Pete Samu (UBB) sur les matchs qui comptaient. Pas plus que le perforant Mathis Castro-Ferreira, brillant numéro 8 des U20 l'an dernier mais aligné essentiellement en 7 cette année.
Et tandis que internationaux anglais Nathan Hughes et Zach Mercer débarqueront eux aussi en Top 14 cet été. Ou que le jeune australien Heinz Lemoto (1m93 pour 109kg), va être choyé dès le mois d’août par Stade Toulousain pour préparer l’avenir, alors qu’il n’a pas encore 18 ans…
Alldritt incontournable
Jordan Joseph, lui, ne s’est jamais vraiment imposé en Top 14 quand le catalan Lucas Velarte évolue de plus en plus à ce poste, demeure un vrai combattant mais semble posséder un profil de "joueur de club" qui ne verra jamais le niveau international. Alors, des reconversions réussies comme celles des flankers Anthony Jelonch ou Alexandre Roumat (voire les essais au poste de Cameron Woki) existent bien en championnat mais elles ne semblent pas pleinement prises en compte en tant que tel par le staff des Bleus.
FINALE TOP 14. VIDÉO. Revivez le match XXL du bout de bois Anthony Jelonch face à l’UBB
Pas un hasard si le joueur le plus utilisé depuis la prise de fonction de Fabien Galthié en 2020 est d’ailleurs Greg Alldritt, avec 45 capes dont 44 titularisations…


