Ellis Genge n'était pas prédestiné à jouer au rugby : issu d'un des quartiers les plus difficiles de Bristol, le pilier de 27 ans est d'ailleurs bien conscient de ce que lui a apporté ce sport. "Le rugby m'a définitivement sauvé. Cela m'a certainement évité la prison. Cela m'a évité de simplement gâcher ma vie." Des paroles fortes, pour celui qui n'était pas non plus enclin à devenir la poutre de la mêlée anglaise, il y a encore quelques saisons. Trop "fou-fou", trop indiscipliné, pas assez technique sur les fondamentaux, on cantonnait alors "The Baby Rhino" à un rôle de bon joueur de club, voire d'impact player intéressant à l'échelon supérieur. Mais parmi les puristes de ce jeu, personne ne le voyait avoir le bagage pour porter le numéro 1 de l'équipe d'Angleterre.
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Et puis... Et puis il y eut le travail, la force de la persévérance, de la résilience, et voilà que le diamant un peu trop brut s'est poli. Capitaine par intérim à Leicester depuis l'an passé, Genge a clairement franchi un (voire deux) palliers dans son jeu. Jusqu'à martyriser ce samedi le maître in extenso des droitiers aujourd'hui : l'Irlandais Tadgh Furlong. Référence absolue à son poste, le colosse (1m85 pour 125kg) aux mains d'argent a souffert comme pas permis face à "Gengy", à l'image de ses 3 pénalités concédées en mêlée fermée. D'autant qu'au-delà de ça, le pilier des Tigers fut le symbole de la rage de vaincre des British face aux Celtes. À 14 durant l'intégralité de la partie, les Anglais n'ont - naturellement - pas fait forte impression dans la qualité de leur jeu, mais plutôt de part leur grinta, et leur force collective en conquête. En plus des poussées à la testostérone de Genge, leur gaucher a également distribué les planches en défense (12 plaquages), s'est démené ballon en main face au mur des Verts. Toujours aussi puissant mais 10 fois plus complet qu'il y a encore 3 saisons, il semble avoir atteint une forme de maturité aujourd'hui.
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De son côté Itoje a perturbé l'alignement adverse, constamment pourri les libérations de balle, aussi, arrachant au passage quelques ballons comme lui seul sait le faire. Et si l'Angleterre va s'avancer en France avec un statut d'outsider, elle a donc montré qu'il faudrait prendre son pack (très) au sérieux. Alors, Français : en sus au roi déchu !