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6 Nations 2021. Religieux aux jambes de feu, serial marqueur, qui est Monty, l'autre Ioane ?

Vu contre la France, Monty Ioane est annoncé comme le crack du rugby italien. Personnage excentrique, son parcours est aussi lié à celui de son mentor, Digby.

Theo Fondacci 13/02/2021 à 12h00
L'ailier transalpin marche dans les pas de son oncle et mentor : Digby Ioane.
L'ailier transalpin marche dans les pas de son oncle et mentor : Digby Ioane.

Samedi dernier, lors de l’ouverture du Tournoi, vous n’avez pas pu le manquer. Il faut dire qu’un ailier de couleur, aux jambes de feu et à la coupe extravagante sur la pelouse du stade Olympique de Rome, cela n’arrive pas tous les quatre matins. Teddy Thomas ? Le numéro 14 tricolore, auteur d’un doublé portant son total à 15 essais en 23 sélections, a été très bon lors de la rencontre, mais ce n’est pas de lui qu’on cause. Plutôt de son vis-à-vis - un poil plus tatoué, un brin moins en réussite - Monty Ioane. Son nom vous dit quelque chose ? Si vous avez manqué la courte tirade des commentateurs de France 2 avant le match à son sujet, on vous le donne en mille : il est bien le neveu de Digby Ioane. Et vous avez d’ailleurs pu remarquer à l’écran qu’au-delà des innombrables dessins ornant sa peau, le garçon de 26 ans a bien d’autres similitudes avec son oncle aux 35 sélections chez les Wallabies. Ultra-explosif, doté d’une vitesse de pointe remarquable et d’un bagage technique à souligner, Montanna de son prénom complet est un joueur très intéressant. L’étoile montante des Azzuris d’après la presse transalpine.

Au-delà de leur large victoire 10 à 50, les Bleus ont d’ailleurs pu apercevoir une ébauche de ses qualités athlétiques relativement impressionnantes. Auteur de 137 mètres parcourus ballon en main (le meilleur total de la rencontre), l’ailier de Trévise a, à plusieurs reprises, rebondi sur les défenseurs au ras des rucks, laissé entendre aux Français qu’il ne faudrait pas lui laisser d’espaces sous peine d’être puni illico. A la demi-heure de jeu, sur une valise de son demi de mêlée Varney dans le fermé, Ioane pensait même inscrire son premier essai sous le maillot de la Squadra… avant qu’il ne soit finalement refusé pour un en-avant de passe lors de la dernière transmission. Mais sur son finish de 40 mètres, l’ailier trapu (1m80 pour 95 kilos) avait tout de même résisté au retour d’Antoine Dupont sur les cannes, pourtant pas réputé pour être le plus lent trois-quart du circuit international, bien au contraire ! Bref, une potentielle arme offensive comme l’Italie n’en trouve qu’une tous les lustres, tout au plus.

Un passage en France

Monty ? C’est donc cet ailier aux appuis électriques, au look excentrique, à l’histoire unique. Tatoué de la tête aux pieds, converti à l’islam, au dégradé toujours bien marqué, le néo-international n’est pas du genre à passer inaperçu, déjà. Aussi, comment ce garçon né à Melbourne au milieu des années 90, révélé en ITM Cup néo-zélandaise, s’est-il retrouvé à évoluer sous les couleurs italiennes aujourd’hui ? Là encore, le récit vaut le détour. Pour découvrir les origines de cette sélection saugrenue, il faut remonter aux prémices de sa carrière professionnelle. A même pas 20 piges, Montanna débarque à Paris dans les valises de son oncle aux 11 essais avec l’Australie pour tenter de lancer sa carrière. Mais le visage poupon, le style plus sobre et le rugby moins incisif qu’aujourd’hui, le jeune homme ne joue qu’avec les Espoirs du Stade Français, en dehors de deux apparitions en pro’ lors de la saison 2014-2015. Au terme de celle-ci, Digby Ioane, qui ne fut que l’ombre de lui-même lors de son séjour dans la capitale (3 essais en 25 matchs de Top 14 !) n’est finalement pas conservé. Pas prêt à quitter les jupons de celui qui l’a pris sous son aile comme son propre fils depuis ses 14 ans, Monty suit son oncle jusque dans leur Océanie natale. L’on se serait alors dit que sa carrière en Europe n’était qu’une brindille, au mieux un feu de paille. D’ailleurs combien se souviennent réellement de son passage en coup de vent à Jean-Bouin ?

D’autant que dans la foulée ça y est, le cadet des Ioane retrouve du souffle dans les contrées qu’il connaît. Fin 2015 et fort de son expérience dure mais bénéfique sur le Vieux-continent, le jeune homme trouve un contrat dans le championnat des provinces NZ, aux Tasman Makos. Là encore, 2 petites apparitions seulement mais dès la saison suivante, ce sont les Stealers de Bay of Plenty qui tentent le pari de ce quasi-inconnu dont le nom sert malgré tout d’intermédiaire. Sa chance lui est donnée et c’est enfin l’éclosion : 6 essais en 22 matchs. Vous connaissez le principe, les franchises des alentours et d’autres commencent alors à scruter ce joueur dont les qualités athlétiques sont déjà plébiscitées. En Super Rugby avec les Chiefs ? Que nenni, Monty débarque alors… en Italie ! Quelques années plus tôt, il s’était pourtant juré de ne plus jamais revenir jouer en Europe. Mais un appel de Kieran Crowley - international NZ et ancien sélectionneur canadien - était une offre qui ne se refusait pas. Voilà comment il prit finalement un billet sans retour pour la Vénétie et Trévise.

L'envol italien

Bien lui en a pris puisque l’ancien membre de l’Académie des Reds fit des premiers pas fracassants sous ses nouvelles couleurs, inscrivant 13 essais en 30 matchs de Pro 14 et 5 en 9 rencontres de coupe d’Europe lors de ses deux premières saisons. Il devient alors l’arme offensive numéro 1 du Benetton, détonne avec des actions à faire vibrer les réseaux sociaux. En 2019, ses performances en Europe lui permettent même de recevoir un appel du pied de franchises australiennes en Super Rugby. Mais Monty fit le choix du coeur, celui du pays qui lui avait donné sa chance au plus haut-niveau, celui qui, aussi, favoriserait ses chances de réaliser son rêve de devenir international, soyons clairs. Jusqu’à ce que la prophétie se réalise : en décembre dernier, après 3 ans de résidence au milieu de la plaine du Pô, Monty faisait ses débuts sous le maillot de la Squadra Azzura, avant de goûter même au Tournoi des 6 Nations le week-end passé, donc. « La présentation avec le maillot d'avant-match, évoque-t-il pour Rugby Pass, cela m’a définitivement marqué. C'était juste une sensation incroyable. J’ai été un peu ému, j'ai versé quelques larmes dans ma chambre d'hôtel. »

Il n’était d’ailleurs pas le seul à exprimer sa joie : « Mon père m'a appelé avant mon premier match et m'a dit que Digby avait appelé et pleurait, disant à quel point il était fier de moi. Il a eu une énorme influence sur qui et où je suis aujourd'hui. Je suis très reconnaissant pour ce qu'il a fait. »

« Peu importe où tu es, que tu sois à 500 mètres ou à l'autre bout du monde, tu seras toujours avec moi, tu seras toujours mon frère. » - C’est bien ce que disait Vin Diesel ?

etutabe
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Religieux ? Croyant plutôt (à moins qu'il ne soit imam)
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