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6 Nations 2021. Les victoires galloises sont-elles en trompe l'œil ?

3 victoires en autant de rencontres, les Gallois sont en course pour le Grand Chelem. Pourtant, ils ne semblent pas aussi costauds que leurs résultats le laisse paraître.

Louis Bareyt 01/03/2021 à 12h30
Wayne Pivac et Stephen Jones célèbrent la victoire des leurs face à l'Angleterre.
Wayne Pivac et Stephen Jones célèbrent la victoire des leurs face à l'Angleterre.

L'année 2020 ou celle de l'an 0 pour le rugby gallois. Après s'être adjugé le Grand Chelem lors du Tournoi des 6 Nations 2019 et terminé le mondial japonnais à une honorable quatrième place, le Pays de Galles doit reconstruire. Déjà, car son emblématique entraîneur Warren Gatland décide de quitter son poste après 12 ans de bons et loyaux services afin de rejoindre son pays natal et les Chiefs. Surtout, le néo-zélandais, qui dirigera les Lions Britanniques cet été (si la tournée a lieu), peut se targuer d'un palmarès pléthorique lors de son mandat avec le XV du Poireau. 3 Grand Chelem (2008-2012-2019), deux fois demi-finalistes de la Coupe du Monde (2011-2019), Gatland laisse derrière lui une trace indélébile sur le rugby gallois. Alors lors de sa prise de fonction en 2020, Wayne Pivac se savait attendu. Surtout, la tâche s'annonçait compliquée. Et elle le fut. Un Tournoi des 6 Nations raté, une cinquième place et seulement une triste victoire face à l'Italie à se mettre sous la dent, suivi d'une Autumn Nations Cup des plus moyennes où les Gallois ont bataillé pour venir à bout de la Géorgie ou la Squadra Azzura, puis balayés par l'Irlande et l'Angleterre. Il n'en fallait pas plus pour voir déjà le néo sélectionneur sur la selette, moins d'un après sa nomination

Si bien qu'à l'aube du Tournoi des 6 Nations 2021, la majorité des observateurs aiguisés du ballon ovale ne voient pas les Gallois comme potentiel vainqueur. Plutôt logique. Pire encore, le XV du Poireau semble la nation britannique la plus faible, derrière une Écosse en constante progression, et bien évidemment l'Irlande et l'Angleterre. Et pourtant. Aujourd'hui, le Pays de Galles s'est adjugé la première place du 6 Nations, cinq points devant les Français qui comptent un match en moins. Leur prochaine rencontre face à l'Italie devrait être une formalité. Si bien que les coéquipiers du capitaine Alun Wyn Jones se présenteront à Paris pour le compte de la dernière journée du Tournoi en favori à la victoire finale. Une alchimie semble avoir été trouvée entre jeunes prometteurs (Rees-Zammit, Botham, Hardy, Sheedy) et joueurs expérimentés (Alun Wyn Jones, George North, Dan Biggar, Liam Wiliams). Cependant, sans enlever le mérite du succès, un sentiment mitigé plane sur cette équipe galloise. Comme si ces victoires ne tiennent qu'à un fil, et que d'un simple coup de dés, tout pourrait s'inverser et la machine s'enrayer. À tel point qu'à l'heure de l'écriture de ces lignes, on parlerait plus d'une éviction de Pivac que d'un hypothétique Grand Chelem. Le sport se joue parfois à rien. 

Deux victoires en supériorité numérique

Pour son entrée en lice, le Pays de Galles reçoit l'Irlande. Un gros morceau. Deux pénalités d'Halfpenny lancent parfaitement les diables rouges. Mieux encore, pour une charge à l'épaule, le flanker irlandais Peter O'Mahony est rapidement exclu (15ème). À 15 contre 14 pendant plus d'une heure, on ne voit pas le match échappé aux hommes de Wayne Pivac. Mais là encore comme tétanisés, les Gallois vont se liquéfier et subir les assauts irlandais. Par le pied de Sexton et un essai de Beirne, les Irlandais passent devant aux citrons (6-13). Et la deuxième mi-temps démarrera sur les mêmes bases. Incapables de mettre leur jeu en place, les Gallois subissent les vélléités offensives irlandaises. Seuls deux exploits de George North et Louis Rees-Zammit permettront aux gallois de l'emporter. Et encore, le scénario du match aurait pu être différent si dans les arrêts de jeu, Billy Burns n'avait pas eu la mauvaise idée de botter le ballon hors des limites du terrain, lors de l'ultime pénaltouche. Puis, rebelote en Écosse, une semaine plus tard. Le XV du Chardon sur la lancée de sa victoire en Angleterre ne laisse aucune chance aux joueurs de la Principauté. Deux essais, 17-3, la messe semble dite. Mais les Gallois vont avoir le mérite de s'accrocher. Nouveau coup du sort. Le pilier écossais Zander Fagerson écope d'un carton rouge à la 54ème minute. Le scénario comme écrit se répète et le Pays de Galles à un de plus, s'en remet une nouvelle fois à son joyau Louis Rees-Zammit, pour arracher un succès capital. Mais là encore, une dernière cuillère salvatrice sur Duhan Van der Merwe viendra miraculeusement sauver les Diables Rouges. 

Deux victoires chanceuses ? Peut-être, mais le Pays de Galles a au moins eu le mérite de provoquer sa chance. Alors en recevant une Angleterre malade, ces derniers peuvent en cas de succès plus que jamais se poser comme un candidat légitime à la victoire finale. Un XV de la Rose d'une faiblesse abyssale face à l'Écosse et dont le succès face à l'Italie n'a rassuré personne outre-Manche. Des maux anglais qui se confirment de nouveau sur la pelouse de Cardiff. Longtemps accrochés, les Gallois profiteront de l'indiscipline et maladresse visiteuse pour faire la différence dans le dernier quart d'heure et arracher en prime le bonus offensif (40-24) et une première place au classement.

Des victoires qui posent cependant question. Ces succès justement, sont-ils en trompe l'oeil ? Deux victoires acquises dans la douleur à 15 contre 14, et une autre face à sûrement l'une des pires Angleterre de ces dix dernières années. Alors non, loin de nous l'idée de minimiser la performance galloise. Mais à deux journées de la fin du Tournoi (3 pour la France et l'Écosse), on est en droit de se le demander. Quid d'une rencontre face à une Irlande à 15, qui a flanché physiquement à l'heure de jeu ? Idem contre une Écosse qui semblait maitriser son sujet. Toujours est-il qu'en cas de succès bonifié à Rome, le Pays de Galles comptera 19 points au classement, soit 10 de plus que son adversaire direct, la France avant son affrontement à Twickenham. Si les Bleus veulent enfin de nouveau remporter un Tournoi des 6 Nations, ils devront s'appliquer à réaliser un parcours parfait. Car les gallois eux, semblent avoir une bonne étoile au-dessus de leurs têtes, comme si rien ne pouvait leur arriver. En attendant, le choc à Paris aura une saveur particulière et vaudra son pesant d'or. Comme une finale avant l'heure. Ce serait une erreur d'oublier également le XV du Chardon qui pourrait venir jouer les trouble-fêtes. On a hâte d'y être. 

gjc
gjc
Pour moi il n'y a pas de trompe l'oeil. Les Gallois menaient quand les Irlandais ont pris leur carton rouge, et n'étaient menés que de 2 points quand les Ecossais ont pris le leur. Premier match poussif comme d'hab, montée en puissance face à l'Ecosse et grande maîtrise face à l'Angleterre. Le plus remarquable est le niveau élevé de leurs novices Sheedy, Hardy, LRZ, Halaholo, Botham. Ils ont aussi une 3e ligne de feu et un excellent triangle arrière, mais là on est moins surpris. Indéniablement ils ont eu de la chance sur les 3 matches et ils restent prenables, mais je pense que ce sera notre adversaire le plus relevé.
Petit et Poilu
Petit et Poilu
Bonjour, j'aimerais faire une remarque/critique. Je suis venu lire cet article intitulé "Les victoires galloises sont-elles en trompe l'œil ?" en m'attendant à avoir des réponses à cette question très intéressante, surtout pour quelqu'un comme moi qui n'a pas eu l'occasion de regarder les matches des Gallois. Je suis donc venu chercher une analyse qui puisse m'éclairer, si oui ou non, les victoires galloises sont-elles des véritables coups de chance, ou s'il y a justement un plan tactique, ou une façon de jouer qui expliquerait que non, que les Gallois ont bien mérité ces victoires, elles étaient construites, et qu'en fin de compte nous avons ici une équipe solide. Finalement, j'ai fini l'article sans aucune réponse, mais plutôt avec plus de questions. Alors, quel est le but de cet article ? Est-ce de juste poser la question pour lancer le débat dans les commentaires ? Dans ce cas, c'est effectivement réussi, et heureusement, car j'ai trouvé des analyses intéressantes. Mais il n'empêche qu'à la fin de cet article j'ai fini avec un sentiment d'insatisfaction, je suis resté sur ma faim. Et je trouve que ça arrive assez régulièrement d'avoir des articles où j'ai l'impression qu'il n'y a pas d'analyse. Ce qui m'embête c'est que vous êtes capables de faire des bonnes analyses, on en a eu la preuve à plusieurs reprises, et c'est une des choses que j'aime du Rugbynistère (entre autres aspects). J'espère que vous ne prendrez pas mal ma critique, le but étant que ce soit constructif :)
hasiotus
hasiotus
"Mais là encore comme tétanisés, les Gallois vont se liquéfier et subir les assauts irlandais." Faut pas exagérer non plus... Si les Gallois ont galéré face aux Irlandais, même en supériorité numérique, c'est qu'ils ont toujours rendu la possession aux Irlandais par du jeu au pied (plutôt mauvais jeu au pied d'ailleurs). Pourquoi ils ont fait ça? Parce que c'était le plan initial face à des Irlandais à 15. Les Gallois savaient que c'était trop risqué de défier les Irlandais ballon en main. Ils ont décidé de ne pas changer leur plan initial, même avec un Irlandais en moins. Parce que ça change pas grand chose pour les Irlandais d'être à 14 ou à 15. Leur jeu offensif reste restrictif et ne voit pas la différence entre 15 joueurs ou 14 joueurs et défensivement ils sont toujours aussi pénibles dans les rucks. D'ailleurs, les Français qui ont un jeu offensif assez flamboyant n'ont pas fait de miracles face aux Irlandais... Comme quoi. Les Ecossais? Ils ont battus les Anglais sur le défi physique, rien que ça. C'est pas rien non plus de les avoir battus. Il faut aussi rappeler qu'il manquait des joueurs chez les Gallois. Josh Adams, un ailier de grande classe absent. George North, qui repositionné au centre se montre à nouveau décisif absent. Tomos Williams, le demi-de-mêlée adéquat au jeu offensif voulu par Wayne Pivac, absent. Leigh Halfpenny sort au bout de 30min de jeu. Liam Williams que je trouve meilleur que Leigh Halfpenny, absent. Tu rajoutes à ça une charnière Gareth Davies et Dan Biggar en panne d'inspiration, même quasi à côté de la plaque, avec un jeu au pied qui laisse plus qu'à désirer... En face, Stuart Hogg s'est régalé, mais pas assez. 17-8 à la mi-temps. 17-13 avant le carton rouge. Je vais pas vous dire que les Gallois sont grandioses, loin de là encore, mais ils sont en train de complètement reconstruire le Rugby proposé pendant 12 ans par Warren Gatland et Shaun Edwards, ça se fait pas en claquant des doigts. L'année dernière, ils étaient complètement submergé en défense après le départ du grand Shaun Edwards (quand les Français revenaient étrangement au premier plan depuis son arrivée à Marcoussis). Maintenant que la défense Galloise est redevenue correct, pas exceptionnelle mais correcte, il peuvent enfin travailler sur leur jeu offensif. Pour l'instant, pour moi ça coince sur la charnière et peut-être aussi sur le n°12. Le pack d'avants est redevenu assez solide aussi en conquête (surtout l'alignement en touche qui était déjà mauvais avec Warren Gatland) mais il faut que les avants s'habitue aussi à ce jeu offensif. Si les Gallois restent solides en défense et qu'ils arrivent à rapidement régler leur jeu offensif ainsi que leur jeu au pied, faudra se méfier d'eux...
MARCFANXV
MARCFANXV
Je ne comprends pas qu'on puisse se montrer bégueules sur les prestations des Gallois et en même temps se montrer dithyrambiques sur celles de nos Tricolores ? Parce qu'à bien y regarder, j'y vois beaucoup de similitudes. Une grosse défense (les 2 encaissent peu de points), un premier rideau assez dense, des systèmes défensifs derrière qui tiennent du copié/collé, peu de consommation dans les rucks mais quand on y est il s'agit de s'y montrer très actif/pénible, privilégier l'occupation à la possession, hyper-efficacité prêt des lignes, se projeter vite vers l'avant sur turns-over (si porte ouverte on s'y engage en 1ère intention, si porte fermée pousser dans un coin du terrain au pieds), capacité à bien exploiter le jeu dans le désordre, relativement peu sortir le ballon de l'aire de jeu (ça signifie qu'il y a du cardio, ça explique peut-être les fins de matchs "positives" ?), des blocs joueurs post-rucks assez éloignés des dits "rucks" et qui jouent duels vers l'extérieur, un jeu au pieds d'occupation plutôt efficace, des ailiers qui vont relativement peu à la lutte aérienne, un banc qui amène de la tonicité, une troisième ligne complémentaire. La petite nuance s'est qu'on s'appuie peut-être un peu plus sur qqs individualités d'un meilleur niveau intrinsèque et eux sur un peu plus d'expérience de pratiquer ensemble.
Amis à Laporte
Amis à Laporte
Pour gagner le tournoi cette année, c'est le Grand Chelem obligatoire... Déjà que les Gallois ont déjà pris le bonus contre l'Ecosse et les Rosbifs... Quant au niveau réel des Gallois, ben, on verra ça quand ils joueront les Français (si on peut aussi quantifier leur niveau réel...)
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