RUGBY. Pourquoi le nombre de licenciés a-t-il fortement baissé en France ?L'augmentation du nombre de blessures dans les championnats professionnels explique-t-elle à elle seule la baisse des licenciés dans les clubs ? Les résultats en berne du XV de France depuis plusieurs années sont également à prendre en compte dans les chiffres : moins 16.500 licenciés entre 2016 et 2017 rapporte L'Express cette semaine. Si la FFR a récemment lancé un grand plan national pour redorer le blason de l'ovalie en France, il se pourrait bien que la tendance ne s'inverse pas. Monsieur Rusigby a d'ailleurs son avis sur la question.
La FFR lance le programme national ''Rugby bien joué''
Je crois simplement que le rugby a atteint son seuil maximal de pratiquants, car le rugby n’est pas un sport comme les autres. Le rugby est plus qu’un sport, et le rugby n’est pas fait pour être populaire. Loin de penser qu’il est réservé à une élite, il est néanmoins fait pour certains et pas pour d’autres, car le rugby est aussi une façon de vivre. C’est une culture à part, avec ses propres valeurs faites de respect, de courage, de solidarité, d’amitié, de tout ce qu’on veut, mais aussi de secrets, de non-dits, voire de mensonges, qui ne permettent pas au non-initié d’y trouver son compte. Le rugby à son langage, son argot, sa mode vestimentaire, ses chansons, sa musique, ses rites et ses coutumes. Il demandera de se pencher sur son histoire, son évolution, d’écouter les anciens et leurs « belles paroles » pour prétendre le connaître. C’est une famille. Une famille fermée, avec ses secrets, ses blessures et ses joies. Une grande famille, mais une famille quand même, et il est difficile d’y être accepté ou de s’y retrouver si on ne sait rien de son fonctionnement. Le rugby se vit plus qu’il ne se regarde.
L’arrivée du professionnalisme et de l’argent qui va avec, a vu l’arrivée de nouveaux adeptes, d’un nouveau public demandeur de jeu spectaculaire, de spectacle, de violence et de victoires. Le public en veut pour son argent, demande illico la démission d’untel ou l’arrivée d’un autre pour des résultats immédiats, et les anciens ne s’y retrouvent plus. On parle contrats, transferts, droits télés, chiffre et bénéfice, quand on parle rugby. Il n’est plus question de style de jeu régional ou d’amour du maillot. Il n’est même plus question de sport d’hiver ou la météo pouvait favoriser une équipe, maintenant qu’on peut aussi y jouer en salle. Ce n’est pas les gamins qui s’en vont, c’est tout le rugby qui part, car non, le rugby n’est pas un sport à vocation populaire.
Vous n’êtes pas obligé d’être d’accord avec tout ça, mais si vous l’êtes, n’hésitez pas à partager. Le débat est ouvert.